Magazine Culture

TRUST de David Schwimmer

Publié le 30 juillet 2011 par Celine_diane
TRUST de David Schwimmer
David Schwimmer, c’est Ross de Friends. Une bouille sympa, un cœur d’artichaut, le boy next door. C’est aussi un réalisateur. Si la plupart du monde l’ignore encore, faute à un Cours toujours Dennis (Run fatboy run) passé inaperçu, cela ne devrait pas rester le cas longtemps. Autant le dire de suite: son second long métrage, Trust, est immensément perturbant, le genre grosse claque dans la gueule. Le sujet est épineux (les prédateurs sexuels en ligne), le traitement fait preuve d’une subtilité inouïe. Au centre du film, une famille. Des parents (magistralement interprétés par Clive Owen et Catherine Keener), et leur ado de 14 ans (Liana Liberato, bouleversante) dont la vie bascule suite au viol de cette dernière par un homme de deux fois son âge, rencontré sur un chat internet. Sur le papier, tout fleure le film à thèse glauque ; à l’écran, le scénario d’Andy Bellin and Robert Festinger est absolument remarquable, d’une finesse psychologique dérangeante.
Trust questionne notre rapport à l’image, la sexualisation des figures adolescentes (notamment au travers de la publicité), la permissivité parentale, les dangers de la toile. Plus qu’un rappel à l’ordre et à la vigilance, il dresse un triste constat : l’impuissance de l’éducation face aux dérives sociales. La force du long-métrage : ne jamais dépeindre la jeune fille comme une marginale, déphasée, en crise. Non, la Annie du film est d’une normalité folle, c’est la fille d’à côté, la fille d’une amie, la vôtre. En résulte, un drame d’une gravité monstrueuse, qui ne verse cependant jamais dans la facilité en préférant explorer intelligemment divers points de vue, réactions, conséquences. Une mère dévastée, un père qui perd pied et trouve refuge dans la colère, une fille abîmée qui opte pour le déni, en protection. Un trio dans une tourmente moderne, filmé avec le recul nécessaire, narré avec dignité. Enclenchant un processus d’identification coup de poing, le film capte, crédible, trois réalités ; prend, authentique, trois visages- pour mieux marquer les esprits. Le mal n’est plus irréel, statistique, virtuel. Le mal a le visage de la banalité.
TRUST de David Schwimmer
Sortie : prochainement.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines