Corde, 2 (11.12.05)
à un moment du soir
reste la fatigue
la loque
du jour on lave vite
en mots comme on peuton repasse on plie on range
reste un peu de place
en haut de l’armoire
à gauche
un videon a encore
du temps
Encore une fois cet auteur qui a pris le parti d’employer les mots les plus usés, les plus banals de la langue, les plus simples en apparence réalise un chambardement poétique véhiculant pensée complexe et émotion sans emphase. La table dressée en fin de volume est à elle seule un texte d’Emaz : « Trop, 1 (18.09.05) / Seul, 1 (24.09.05) / Vert, 1 (31.09.05) » etc. presque une litanie (Trop / Seul / Vert / Lie / Lie / Trop / Corde / Seul / Trop / Corde / Vert / Seul / Trop / Corde / Lie / Seul / Trop / Vert / Lie / Vert / Corde / Seul / Lie / Trop / Lie / Seul / Corde / Vert / Corde / Vert) ; Emaz qui depuis des années maintenant accomplit une œuvre remarquable, on pourrait tout citer. Jusqu’au jargon indéchiffrable des résultats d’une analyse de prise de sang, indéchiffrable et pourtant au plus près de l’état des lieux si l’on peut dire les choses ainsi, peut-on demander au poète de mettre davantage sa « peau » sur la page ?
Une contribution de Valérie Rouzeau
Antoine Émaz
Peau
avec des encres de Djamel Meskache
Tarabuste, 2008
12 €