Jaz-Z & Kanye West où comment la suffisance mène à l’insuffisance. Le prochain album collaboratif des deux poids lourds du business rap sera sans conteste l’apogée d’une vaste fumisterie consumériste. J’en veux pour preuve d’une part son horrible artwork, traduction de l’extrême outrecuidance qui a gagné les synapses de nos deux acolytes, et d’autre part l’approche artistique désincarnée qui se fait jour derrière son premier extrait, hommage téléphoné à la grandeur de la Sweet Soul Music et de sa figure tutélaire dont ils bafouent allègrement l’héritage.
Mais fort heureusement derrière l’apparat du sampling facile, de tous jeunes producteurs lèvent le voile sur une toute nouvelle manière de concevoir le hip-hop et de le diffuser, amplifiant au passage ma croyance en la résurgence possible d’un genre que je croyais définitivement légué aux oubliettes de l’histoire musicale. Clams Casino est de ceux-ci. D’origine italienne, natif du New-Jersey, crate digger 2.0 fouillant les réseaux peer-to-peer plutôt que les bacs à disques, le jeune étudiant raille ses pairs en mélangeant le tout-venant de son disque dur pour construire un univers sonore peu commun, véritable pont entre la troublante élégance de Boards of Canada et le minimalisme du premier RZA. Une posture autrement plus avant-gardiste et exigeante à écouter sur Rainforest – EP paru il y a peu sur TRI▼ANGLE Records (oOoOO, How To Dress Well, Holy Other, Balam Acab, etc.) - et qu’il se plaît à mettre au service des jeunes pousses de la scène mid-groung new-yorkaise tel ASAP Rocky, dont il produira une grande partie du prochain album.
« I ain’t talkin’ ’bout no money, I ain’t talkin’ ’bout no cars – talkin’ ’bout no diamonds cause that shit is a facade. Times is really hard, I fucked a couple broads smoked some purple out the jar – let me tell you who we are. »
Audio
Clams Casino – Drowning
ASAP Rocky- Wassup (Prod. by Clams Casino)
ASAP Rocky- Demons (Prod. by Clams Casino)