Lundi, quelques ministres faisaient encore le service après-vente du sauvetage de l'euro par notre immense président. Laurent Wauquiez, toujours fidèle, jamais critique, nous livrait quelques périphrases dignes d'un culte inédit de la personnalité. Le quotidien Le Monde tentait de retracer ces quelques dizaines d'heures si décisives pour la monnaie unique. Qu'apprenait-on ? Qu'Angela Merkel est parvenue à convaincre Nicolas Sarkozy d'abandonner trois de ses réticences : la possibilité d'un défaut même partiel de la Grèce, le concours même facultatif des institutions financières privées, et le durcissement des engagements de retour aux 3% de PIB de déficit budgétaire pour l'ensemble de la zone euro.
Lundi, Nicola Sarkozy recevait un rapport sur ses propres dépenses de la Cour des Comptes. Immédiatement, l'AFP et quelques autres publiaient un satisfecit. Il fallait pourtant prendre le temps de lire le dit rapport. On y découvrait, assez facilement, que Nicolas Sarkozy avait dépensé 33 millions d'euros de trop pour son bel Airbus, à force d'insistance à le recevoir bien vite et d'aménagements si spécifiques (fours à grillade, rideaux électriques, espace de rangement)... La rigueur n'est pas pour tous en Sarkofrance. La Cour des Comptes confirmait aussi que Nicolas Sarkozy voyage beaucoup (99 déplacements en 2010), cher (19 millions d'euros par an; entre 100 et 200.000 euros pour une visite de province), et accompagnés. Et deux conseillers, Patrick Buisson et Pierre Giacometti, continuent d'être grassement payés pour livrer des analyses électorales pour la campagne de 2012.
Lundi, on attendait une réaction officielle et un peu ferme de l'Elysée sur l'incroyable massacre d'Oslo, où un malade revendiqué chrétien et effrayé par le multi-culturalisme et l'islam a tué près d'une centaine de personnes pour l'essentiel lors d'un rassemblement de jeunes travaillistes. La réaction de Sarkofrance fut incroyablement timide. Cet attentat-là ne servait à rien dans l'entreprise de reconquête électorale du candidat Sarkozy.
Lundi, Nicolas Sarkozy publiait une missive grandiloquente adressée aux parlementaires de gauche comme de droite. Il leur promettait de nouvelles initiatives, d'ici la fin de l'été, avec la chancelière allemande, et leur demandait instamment d'abandonner toute logique partisane pour sauver nos comptes. Dans l'opposition, on a bien rigolé. Notre Monarque était tel un proxénète nous donnant, sur le tard, quelques conseils d'abstinence sexuelle... Depuis qu'il est élu, la dette publique a cru de 250 milliards d'euros. Et lui-même annonça la même semaine qu'il s'obstinait à maintenir quelques-uns de ces cadeaux fiscaux...
Mardi, Nicolas Sarkozy était en visite au Cap d'Adge, l'occasion de quelques photos et d'une table ronde sur l'avenir du tourisme. Et de confirmer qu'il ne toucherait pas, s'il était réélu en 2012, à la baisse du taux de TVA dans la restauration qui nous coûte 2,5 milliards d'euros.
Mardi, on attendait, en vain, une réaction officielle de Nicolas Sarkozy sur la famine qui menace 12 millions de personnes dans la corne de l'Afrique. La Somalie crève de faim, mais la Sarkofrance ne fait rien. Sarkozy laissa l'un de ses nouveaux chouchous, Bruno Le Maire, expliquer que la France doublerait son aide alimentaire, à 10 millions d'euros au total. Moins que l'Espagne, la Norvège ou même l'Irlande. Nous sommes minables, radins, ignobles.
Jeudi, le chômage était le sujet à traiter, sauf pour Sarkozy. Les statistiques à fin juin venaient d'être publiées, et elles étaient encore une fois sacrément mauvaises. 33.000 personnes sont venues grossir les rangs des sans-emplois. Le baromètre de Marianne, qui réintègre les dispensés de recherche d'emploi, chiffre à 4,7 millions le nombre de chômeurs. Sarkozy, en début de semaine, confiait qu'il voulait « laisser les autres batailler ». Il pensait à la campagne pour 2012, qu'il ne cesse de faire. C'est aussi vrai pour la gestion des affaires courantes. Xavier Bertrand, ministre du Travail ou du Chômage, fut donc envoyé sur les ondes expliquer qu'il était « convaincu » que de faire baisser le taux de chômage sous la barre des 9% d'ici décembre même si la croissance « est en train de baisser considérablement ». Cela fait bientôt 5 ans que Sarkozy se plante sur le chômage. Bientôt cinq ans.
Ce jeudi, le candidat Sarkozy était dans le Vaucluse. Il avait de graves annonces à faire à la filière viticole : primo, il ne supprimera pas les niches fiscales qui aident l'emploi des saisonniers. Secundo, il veut que la France conserve la maîtrise de son droit de plantation de vignes. Ah... C'est tout ? Et le chômage de masse ? Rien à dire ni à commenter ? On aurait aimé connaître sa réaction sur la progression de près de 15% en « un an de reprise » du chômage des plus de 50 ans...
Vendredi, l'agence Moody's plaçait l'Espagne sous surveillance. Elle considère que le plan de sauvetage de la Grèce, qui prévoit un défaut potentiel du pays, créé un précédent fâcheux pour le crédit des autres Etats, dont l'Espagne, à l'endettement trop important. Que va faire SuperSarko ? On apprenait aussi que la Commission européenne avait adopté une directive pour accélérer la mise en oeuvre des programmes d’enfouissement de déchets radioactifs en profondeur. En France, le site de Bure dans la Meuse devrait accueillir des déchets des pays voisins. Pas de commentaires au gouvernement.
Plus près de nous, en France, le ministère de la Justice s'énervait contre l'initiative d'un procureur, à Dunkerque. Lundi dernier, ce dernier demandait aux juges de son tribunal de cesser les emprisonnements, faute de place. Il faut avouer que le taux de surpopulation carcérale atteignait 115 % à fin juin, avec 64 726 personnes incarcérées en France pour 56 081 places ouvertes. C'est l'un des autres gros échecs de Nicolas Sarkozy. Mais chut...
Vendredi, Nicolas Sarkozy aurait pu faire commenter, ou critiquer la dernière révélation de Mediapart sur ses relations avec Ziad Takieddine. L'intermédiaire a été rémunéré au titre de son rôle, pourtant flou, dans la vente de sous-marins français au Pakistan en 1994 puis de frégates à l'Arabie Saoudite. Mediapart a révélé combien l'homme était proche de Nicolas Sarkozy et de son premier cercle. Jeudi 28 juillet, la nouvelle information était une bombe : selon Mediapart, Claude Guéant a été « le pivot des deals financiers de la France avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, de 2005 à 2007 » pour des affaires aussi variées que une livraison occulte de matériel de guerre électronique en avril 2007 à la Libye, des visites répétées à Tripoli depuis 2005, et des négociations de contrats, niées sous serment devant l'Assemblée nationale par Guéant lui-même.
Il y a un an, jour pour jour, notre Monarque prononçait aussi son grave discours de Grenoble, mêlant insécurité et immigration, déchéance de nationalité, voile et sécurité. 365 jours plus tard, on attend, comme depuis 2002, les résultats. L'échec fut complet, patent. Avec ce discours puis sa chasse aux Roms, Sarkozy s'était mis à dos l'Europe, l'ONU, les centristes de sa propre équipe, sans gagner un point dans les sondages. Un fiasco total, preuve que le « Patron » avait sans doute perdu la main. Sarkozy, depuis, se cache de toute polémique. Il laisse les autres « batailler ». Claude Guéant, son nouveau ministre de l'intérieur, est revenu en fonction, après 10 jours d'arrêt maladie pour cause d'intervention chirurgicale.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
P.S. : Cette semaine, un confrère blogueur est décédé. Il s'appelait Le Coucou, et animait un blog clavésien dont la maxime était « la démocratie est notre affaire ». Son dernier billet datait de dimanche 24 juillet. Hommage lui soit rendu. Ces billets resteront sur la Toile.