Encore une question entrée sur google qui a mené à mon blog.
Je répondrais: pourquoi un tétraplégique ne veut pas courir?
Bon, ça c’était histoire de faire une comparaison parlante et caricaturale. Les choses sont un peu plus compliquées que ça dans la schizophrénie, puisque certains arrivent à travailler. Il faut donc plutôt comparer l’incapacité de beaucoup de schizophrènes à travailler à celle d’autres personnes souffrant de maladies invalidantes.
C’est fatiguant, épuisant émotionnellement, source d’angoisse, de déréalisation, voire de délire. Le travail, s’il a de bons côtés, est d’ailleurs souvent source de difficultés pour tout le monde. C’est donc d’autant plus compliqué quand on est schizophrène.
Il ne s’agit pas seulement de volonté mais de possibilité. Si certains arrivent à trouver un équilibre dans le travail, c’est destructeur pour d’autres. Ceux qui travaillent le font en général en sacrifiant d’autres choses: vie sociale, vie de couple. Il en existe sans doute, mais à ce jour je n’ai rencontré aucun schizophrène qui ait un travail, une vie de couple et une vie sociale. En général, c’est un des trois.
J’ai un travail, mais je dois être seule chez moi le soir si je veux tenir le coup, j’ai besoin de calme et de solitude après une journée de travail. Je ressens de façon exagérée les bruits, les mouvements, les interactions avec les gens. Si je n’ai pas de sas de décompression, je suis en surchauffe et ça finit par exploser. Je pourrais vivre avec quelqu’un si je ne travaillais pas et pouvais rester seule la journée. Faire les deux, c’est tout simplement impossible, ce n’est pas une question de volonté.
Donc, si un schizophrène ne « veut » pas travailler, c’est sans doute qu’il n’y arriverait pas sans rechuter. C’est un moyen de se préserver, pas un caprice. Et ça ne veut pas dire non plus que ça ne peut pas évoluer.
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