On est tellement DÉVASTÉE, si vous saviez...

 On ne sait pas si c'est cet été pourri, cette lourdeur moite insoutenable ou la vision trop intense de gras un peu partout à travers la ville (été pourri + moiteur = souvent gras dégeu, précisons), mais on a les idées noires. Déjà, on a été séduits par Alexandra Sebbag et sa dominatrice couture alors qu'à la base, vraiment, on a du mal avec le noir... Mais là, grâce à MAPP, on a découvert un truc qui JAMAIS ne nous aurait interpellés avant. Déjà, le nom de la marque : DÉVASTÉE ! Dévastée, bordel ! Vous imaginez, rien que le fait de pouvoir dire : « En ce moment, je suis une femme COMPLÈTEMENT Dévastée ! ».Ophelie Klere and François Alary sont les premiers à avoir été Dévastée puisqu'ils en sont les fondateurs. Inspirations?Un ton un tantinet second degré sur du prêt-à-porter de luxe, que peut-t-on rêver de mieux ? Enfin, second degré, tout est relatif, les gars, car Dévastée possède un ADN fort en chaos. Ophelie Klere and François Alary Le jeune couple derrière la griffe a des références qui pourraient sembler, à la base, assez glauques : cimetière, larmes, faire-part de décès ou musique de l'exorciste pour le défilé automne-hiver 2011, voilà quel genre de tonalité la griffe propose. Malgré tout, le duo joue avec sa mode sombre pour en tirer un résultat étonnamment détonnant. Car même si les idées peuvent paraître morbides, la conclusion est que Dévastée réussit joliment son coup en insufflant à ses silhouettes un humour qui pétille.
Brillante idée que de faire s’entrechoquer des contraires stylistiques ! De ce dark ressort un romantisme qui twiste avec brio chaque pièce. Le côté trop funèbre qui aurait pu être l'essentiel de leur collection est rehaussé par un parti pris sarcastique amusant et voulu qui se sent dans les imprimés, spécialité évidente du couple : le liberty est réinventé de façon tragique, les fleurs laissant place à des têtes de mort ou des insectes trompe-l'œil, les croix religieuses sont agrémentées de smiley's tout sourire, la tête de mort se veut reproduite à l'extrême pour qu’elle perde visuellement de sa force et se fonde dans un imprimé uniforme... Mieux, tous les prints de Dévastée sont d'origine associés à quelque chose qui fait flipper mais finalement, comme ils sont dessinés de manière légère, voire « enfantine », ils en deviennent mignons... En tout cas, nullement apeurants ou glauques. Même pas peur! On bave devant la griffe et l'audace de son inédite originalité. Autre signature phare depuis la première collection : le bicolore noir et blanc. On adhère, on adore sachant que c'est une des tendances lourdes de la saison prochaine (c'est Mademoiselle Agnès qui le dit, alors si c'est elle qui le dit, c'est que c'est vrai). À part ça ? Des pantalons larges mais cintrés, du chemisier étudié structuré, des robes-pulls bariolées, des vestes oversized... Que du bon quoi ! Un vestiaire féminin-masculin qui respire une femme urbaine, très contemporaine, à l'aise avec son corps car prête à assumer toutes les singularités. Uniquement des pièces faciles à mettre, assez sobres pour être enviables tous les jours, assez originales pour sortir de la masse. Un pur bonheur romantique dark. Ils font aussi dans la chaussure. La femme Dévastée marche certes nonchalamment dans les rues de Paris avec les yeux cernés de noir, mais aucunement elle n'inspirera la peur ou l'effroi car elle respire un espèce de sarcasme puant la joie, complètement nouveau, frais, qui fait du bien à voir. Collection MIXTE, après la mort --> disponible en 2012. Pièce ultra limitée --> on commence à économiser. Les garçons de la rédaction sont aussi des hommes complètement Dévastée. FAN <3© photos / Julie Calbert. Même les garçons de la rédaction ont approuvé en portant une de leurs robes chemises à poches et imprimés liberty trompe-l’œil. D'ailleurs, petit détail qui tue, le dernier bouton est en forme de « Casper le fantôme » : signature chic d'un prêt-à-porter choc qui donne du chien à la silhouette. Dévastée est sans aucun doute l'une des premières griffes (et espérons qu'il y en aura d'autres) émergeant des cerveaux d'une nouvelle génération de designers qui font une mode, leur mode, sans concession, avec une passion telle que l'on ne peut qu'en être enivré. Eux, ce sont des vrais, qui parlent avec leur cœur et pas avec leur porte-monnaie. Alors, même si niveau budget va falloir faire ceinture pour s'en payer étant donné que ça coûte un rein, on ne cessera plus de répondre à la question :  — Ma chérie, ça va pas ? — Bien sûr que si, je suis la femme la plus heureuse du monde, je suis une femme DÉVASTÉE !  Bien à vous.