“Quelque fois je transforme la réalité suivant mon regard, je l’interprète ou la modèle. Je suis celui qui qui apprécie le moment en instantané. Je n’analyse pas, je goûte, je savoure un petit rien, un passant, un chanteur des rues, une sensation passagère.”
Qui est cet homme le nez en l’air, la tête à ses rêves, le regard curieux errant une journée de congés à Paname les pieds s’usant sur les crottoirs et l’œil sur l’invisible. Son imagination se saisit de ses sens et lui créé un monde unique, “atmosphère réelle ou fruit de mon imagination”. Passager de sa déambulation, invité de ses rêves, ce héros anonyme de sa propre histoire nous emmène à la suite de sa “trajectoire imprévue qui zigzague au gré des obstacles”.
Cette journée de congés est une occasion de contempler le monde, ses sens en éveil en regardant les vies passer sans jamais juger ; une occasion de fuir le monde du travail où règne la cupidité, la compétition et l’envie. “Plus nous montons dans la hiérarchie et plus le faux est de rigueur. De plus en plus de tueurs, pour leur propre avancement, pour faire monter leur égo”.
De ce texte tracé d’un seul jet, d’un souffle vital, j’appellerai à “accepter les petits défauts, faire la publicité de leurs spécificités et qualités”. Si la pensée de Jean-Pierre Pavillon ne bénéficie pas d’un style limpide propre à communiquer la force de son imaginaire, il n’en est pas moins vrai que l’auteur ouvre au lecteur la possibilité de regarder le monde avec des yeux neufs et curieux.
Si, en plus du chroniqueur que je suis, un autre lecteur voyait son cœur prendre la place de son regard, son imagination celle de son cortex le pari de Jean-Pierre Pavillon et de son éditeur, la Société des écrivains, serait gagné : Transformer l’homme par le pouvoir des mots.
Société des écrivains, Août 2011, 69 pages, 11€.