agrandissement après agrandissement jusqu'aux confins du possible et de l'impossible, et dans les dernières secondes de son film, lorsque le regard de Thomas, photographe professionnel joué par David Hennings, disparaît, là, sous nos yeux, absorbé par une révélation aussi saisissante que salvatrice...
Et alors qu'à proximité... se joue une partie de tennis sans raquettes ni balle, mimée par deux joyeux drilles entourés de gais lurons ; partie de tennis qui sauvera notre photographe de l'angoisse de ne jamais pouvoir partager
avec quiconque la découverted'un corps sans vie étendu dans un parc, assassiné par balle et dont il ne reste au petit matin plus aucune trace.
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Privé de son appareil photo, l'impossibilité de partager une telle découverte et le risque d'enfermement dans une incommunicabilité psychiquement dommageable, cette partie de tennis et la participation active de David Hennings les annuleront d'un coup d'un seul, puisque notre photographe prendra une décision qui le sauvera : retourner aux deux mimes qui la lui réclame, une balle invisible sortie du cours ; décision qui lui fera prendre conscience de l'existence d'une possibilité jusque là insoupçonnée : ce qui est peut très bien n'avoir jamais été
En effet, cette partie de tennis fantôme auquelle il prête son concours comme par inadvertance, lui offre maintenant la possibilité de choisir une autre réalité qui n'aura besoin de l'assentiment de personne...
Non ! ce corps sans vie étendu dans un parc au pied d'un buisson n'a jamais été ! (d'autant plus que cette découverte est sans témoin et qu'il n'en reste aucune preuve matérielle)...
Oui ! cette partie de tennis sans balle ni raquettes a bien lieu ici et maintenant... (nombreux sont ceux qui peuvent en témoigner)...
Antonioni prenant là quelques risques avec la raison en nous suggérant que toutes les réalités se valent pour peu que l'on y souscrive et que l'on ne soit pas le seul...
Car le nombre nous apaise.
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