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1996-2001: la lente maturation de la V5

Publié le 29 juillet 2011 par Allo C'Est Fini
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En 1996, DS est devenue une société cotée et acquiert une visibilité médiatique très méritée. Mais l’entreprise ne peut s’endormir sur ses lauriers : si l’alerte PTC est passée, de nouveaux arrivants aux dents longues font leur apparition, notamment sous Windows : la puissance des PC allant croissante, les postes sous Windows vont en effet apparaître de plus en plus souvent dans les bureaux d’études, du moins ceux de petites tailles, des sous-traitants de rang 2 ou 3. Deux sociétés se distinguent : SolidWorks et SolidEdge.

1996-2001: la lente maturation de la V5

En 1997, coup de tonnerre, DS annonce le rachat de SolidWorks. C’est un acte majeur, audacieux, pas forcément bien compris chez DS, ou l’on continue à développer des applications en FORTRAN sur mainframe ou sous Unix – 4 variétés d’Unix d’ailleurs : AIX, HP/UX, IRIX et Sun OS. C’est l’époque ou l’on voit débarquer un vieux renard, passé par PTC, expert du management d’équipes de développement et maniant fort bien la langue de Molière même s’il s’en défend : Mike Payne, CTO de SolidWorks, qui va devenir le CTO de DS.

SolidWorks sera la première d’une longue liste d’acquisition. Suivront Deneb (rebaptisée DELMIA), SmarTeam (rebaptisée ENOVIA) et bien d’autres encore à partir de 2000-2001. De société française qui exporte, DS devient un groupe international, avec de nombreux laboratoires de développement à l’étranger.

A la même époque, une petite équipe de 20 personnes dont je fais partie a été isolée, pour concevoir un nouveau modeleur géométrique, écrit en C++, et qui s’appuie sur l’expérience du moteur mathématique de la V4, mais offre une sémantique plus forte. Le projet flotte un peu au début, mais en février 1998, la décision est prise de développer une nouvelle version de CATIA : la V5. L’enjeu est de taille : abandonnant le mainframe, DS se focalise sur Unix et Windows, les plateformes cibles de la V5. Il faut tout réécrire, le temps presse, les équipes ne sont pas à l’aise en C++ : le passage de FORTRAN à un langage objet laisse des séquelles – comme des indices de tableaux qui démarrent à 1… – la stabilité du logiciel s’en ressent, et le portage de l’offre produit est incomplet. La première release de la V5 qui sort au printemps 1999 est une victoire sur le temps, certes, mais comprend de nombreux modules de la V4 (trop) rapidement intégrés. Difficile de convaincre les clients de passer d’une V4 de plus en plus stable et efficace, à une V5 encore jeune et périlleuse : le fameux « Click OK to terminate » deviendra si célèbre que des t-shirts à son effigie seront en vente sur eBay et qu’un groupe Facebook portant son nom a été créé!… Il faudra près de deux ans pour que la V5 soit véritablement stable et opérationnelle.

1996-2001: la lente maturation de la V5

C’est que, contrairement à la V4 qui est juste un redécoupage de la V3, la V5 porte une bonne dose d’innovation : langages, architectures, système de gestion du code. On change tout, et une telle révolution n’avait pas eu lieue depuis la création de l’entreprise. DS repense tout, jusqu’à ses outils de développement, jusqu’à développer un gestionnaire de code (appelé Adèle), d’une puissance phénoménale, et dont nombre d’éditeurs auraient pu être jaloux à l’époque (aujourd’hui, cvs et consorts font aussi bien pour moins cher). Et doit former des centaines de personnes, habituées à penser « procédure FORTRAN », à penser désormais « programmation objets ».

Dans toute cette histoire, que suis-je devenu ? Internet explose juste à côté, et les algorithmes du modeleur géométrique finissent par être de moins en moins passionnants. J’ai beau écrire un moteur de recherche en interne, ainsi qu’un navigateur sémantique sur le code, je m’ennuie un peu. J’obtiens alors une nouvelle mission: porter SolidWorks sur le moteur CGM (celui de la V5). L’enjeu est là aussi de taille : SolidWorks, à cette époque, fonctionne sur la base du modeleur ParaSolid, développé par un concurrent. Cette dépendance logicielle, doublée d’un versement de royalties, est gênante sur le long terme. Qu’importe, en deux mois, le portage est réussi. En 1999, je récupère la responsabilité du code de tessellation et de HLR.

Dehors, Internet continue d’exploser. C’est la folie des « .com », qui touche même Suresnes: en grande messe en 1998 ou 1999, BC annoncer nous allons devenir 3DS. Je me souviens de l’étonnement amusé de certains collègues, pour qui 3DS est l’extension des fichiers 3D Studio max… D’autres, plus amers, s’auto-proclameront 2DS.

Internet continue d’exploser, donc, et comme beaucoup de collègues, je me sens définitivement à l’étroit chez DS : la V5 ne me suffit plus, et fin 2000, je quitte l’entreprise pour lancer ma propre aventure : EasyGlider et Golfworld voient le jour… Bye bye Suresnes…


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