Quand j’entends Albert Dupontel parler dans les bonus, avec une telle lucidité, je me demande comment il peut défendre ce film, tout aussi honnêtement . Non pas que « La proie » soit particulièrement mauvais. Disons que c’est un énième film d‘actions, avec ses sempiternelles cascades, scènes de bagarre et autres courses- poursuite. L’histoire pas plus originale, enfonce le clou.
Une entrée en matière carcérale très classique, aligne tous les clichés existants en la matière : où l’on voit les méchants bastonner un taulard , qui tait l’endroit de sa cachette de l’argent du braquage.Les matons laissent faire, comme ils ferment les yeux sur les violences que subit son-codétenu, un pédophile.
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Mais l’homme qui a toujours clamé son innocence, est reconnu comme tel, et sa sortie de prison provoque un dynamisme bienfaiteur à une mise en scène jusque là peu inspirée.Je n’en dirais pas plus sur cet intermède, véritable intérêt d’un thriller si maladroit, qu’il se tire à cet instant plusieurs balles dans le pied.La première, révèle dans la présentation publique du film la véritable nature de notre pédophile. Pour le suspense, vous repasserez.La seconde est de ne pas suivre à fond la piste de cette, homme double-face ; d’autant que son interprète Stéphane Debac est bluffant.Pour moi c’était l’homme de la situation et j’imagine qu’un scénariste un brin rêveur en aurait tiré une histoire autrement palpitante.
Le fait est que tout se joue sur le personnage de Albert Dupontel, qui à la fois traqué par la police, et traqueur de son ancien co-détenu, porte tout le film sur ses épaules.Et il le fait très bien, très consciencieusement ; un excellent Dupontel aux tics référencés: joues crevassées, sourcils noirs, épais pour dire la colère ou pour faire le méchant, rictus familier pour suivre les mêmes symptômes… Un Dupontel qui se répète, peut-être, mais avec la conviction du travail d’autant plus accompli que les dialogues ne lui facilitent pas la tâche.Tous les comédiens sont à la même enseigne avec une mention particulière me semble-t-il pour le malheureux,Serge Hazanaviciusvéritable souffre douleur du dialoguiste.
Serge Hazanavicius,un flic aux dialogues d'une très grande perspicacité...
On lui fait dire n’importe quoi ce qui pourrait être lu au quatrième, voire cinquième degré. Mais il n’est pas nécessaire de grimper si haut pour saisir toutes les nuances d’un film qui n’en comporte pas.
LES BONUS
Making of 40 mn
Un excellent détour dans les coulisses qui s’attarde sur les nombreuses cascades, et les scènes de combat et je comprends mieux la faiblesse des chorégraphies ; c’est un tel bazar sur le plateau, où tout le monde y va de son petit commentaire
Plus impressionnant les séquences autour de la falaise, en taille réelle. Le vide et rien qu’un petit espace pour récupérer les chutes .Stéphane Dubac n’a pas l’air d’être rassuré, malgré toutes les précautions prises par l’équipe du film, souvent partie prenante dans l’élaboration des scènes. « Eric Valette est effectivement très à l’écoute » se félicite Dupontel que l’on voit effectuer ses propres cascades. Un peu à la bebel. « C’est une façon volontariste d’aborder le rôle, mais on ne peut nier que ça fout les jetons. A la longue ça fatigue et ça rejaillit sur mon personnage, l’inquiétude, les cernes l’essoufflement le rictus de souffrance.Mais il faut mieux avoir peur que de jouer la peur.Les spectateurs lâchent 9 euros faut pas l’oublier. »
Je vous laisse découvrir la réaction de l’intéressé quand il découvre comment est sorti en dvd son film « Enfermés dehors »
L'une des cascades du bonus et du film, qui n'en manque pas....
Albert Dupontel, l’interview par Laurent Weil, toujours aussi bon public et consensuel .
Il a de la chance ,Dupontel a des choses intéressantes à raconter sur son métier de comédien, et de réalisateur.Extraits : « On ne peut pas faire un film tout seul il faut écouter les suggestions des uns et des autres (…) Plus tu travailles ton rôle, plus c’est foutu, il faut d’abord être disponible pour la caméra .(…) C’est un plaisir coupable de faire du cinéma, l’essence même du cinéma,c’est la fuite de la réalité, et qui pourtant me rattrape quand je vois ta tête d’enfariné » dit-il à son interlocuteur tout sourire. On reste entre amis !
L’interview du réalisateur : l’origine du film, ses intentions, le choix des acteurs…