Le populisme de droite

Publié le 29 juillet 2011 par Copeau @Contrepoints

Le populisme de droite est un article de Murray Rothbard de 1992 que nous vous proposons dans le cadre de Contrepoints été. Si les éléments d’actualité résonnent moins aujourd’hui, l’analyse reste intéressante, qu’on la partage ou non.

Par Murray Rothbard

Texte paru dans le Rothbard-Rockwell Report, Janvier 1992. Repris dans The Irrepressible Rothbard (2000) publié par The Center for Libertarian Studies.
Traduit par Hervé de Quengo, et remanié par François Guillaumat.

Eh bien, ils ont fini par avoir la peau de David Duke. Mais à coup sûr, il leur aura bien fait peur. Et il aura fallu une campagne massive d’hystérie, de panique et de haine, orchestrée par tous les courants de l’élite dirigeante, de la gauche à la droite officielles, du président Bush et du parti Républicain officiel aux activistes de gauche locaux, en passant par les médias nationaux de New York et Washington et les élites locales. Il aura fallu une campagne massive de peur, qui ne s’est pas contentée d’invoquer les vieilles lunes diaboliques du Klu-Klux-Klan ou d’Adolf Hitler, mais qui a aussi consisté, plus concrètement, à menacer virtuellement de mettre la Louisiane à l’index, de supprimer le tourisme les conventions et de détruire les emplois en faisant fuir les entreprises hors de l’État. Il aura fallu une diffamation orchestrée, mettant en doute la sincérité de la conversion de Duke au christianisme — en exigeant même qu’il livre le nom de son « Église officielle ». Même mon vieil ami Doug Bandow a pris part à cette cabale dans le Wall Street Journal, laquelle lui a fait perdre toute mesure dans l’hystérie anti-Duke, au point d’attaquer celui-ci parce qu’il serait mû par l’intérêt personnel (!) — contrairement, nous faut-il croire, à tous les autres politiciens, que motive une dévotion profonde envers le bien public ? Il a fallu beaucoup de culot à Bandow pour faire cela, car il n’est pas chrétien sacramentel (et l’on peut ici souligner que la personne attaquée n’appartenait pas non plus à l’Église sacramentelle) mais piétiste, opposé à toute sorte de liturgie ou de credo officiel. Comment donc un chrétien piétiste peut-il mettre en cause la bonne foi d’un autre ? Et dans un monde où personne ne le fait pour les « convictions chrétiennes » d’un Chuck Colson ou d’un Jeb Magruder ? Cependant, on avait jeté la logique par-dessus bord : c’est tout l’Establishment, toute l’élite dirigeante, qui étaient en cause. Et dans ce type de bataille, tous les partis soi-disant antagonistes de l’Establishment se serrent les coudes et font flèche de tout bois.

Cependant, même avec tout ça, David Duke a rassemblé 55 % du vote des blancs. S’il a perdu la course, c’est parce que la campagne de peur avait conduit à une mobilisation massive des électeurs noirs. Notons toutefois l’excitation : la vie politique de la Louisiane est sortie de la torpeur qu’elle connaissait depuis des décennies et il en est résulté un taux de participation — 80 pour cent — qu’on n’avait pas connu depuis le dix-neuvième siècle, quand la politique des partis était violemment partisane et idéologique.

Un point que personne n’a remarqué : le populisme a gagné en Louisiane ; en effet, lors de la première primaire les deux vainqueurs ont été Duke, populiste de droite, et Edwin Edwards, populiste de gauche. Se sont retrouvés derrière eux les deux candidats de l’Establishment : le gouverneur sortant Buddy Roemer, Démocrate « réformateur », apôtre du fiscalisme et de la dépense publique, et soutenu par le gouvernement Bush dans sa tentative pour arrêter l’épouvantable Duke ; et l’oublié du lot, Clyde Holloway, candidat Républicain officiel, bon conservateur de l’Establishment et qui n’a obtenu que cinq pour cent des voix. (Le pauvre Human Events n’avait pas cessé de se plaindre pendant toute la campagne : pourquoi les médias font-ils comme si Holloway n’existait pas ? La réponse toute simple est qu’il n’a jamais joué aucun rôle. Métaphore instructive de ce que sera finalement le sort du conservatisme établi.)

Populiste de gauche, l’ancien gouverneur Edwards n’est depuis bien longtemps qu’un escroc cajun, avec pour devise (notez l’accent) Laissez rouler le bon temps. On a toujours affirmé que les hommes d’affaires et autres élites conservatrices le détestaient. Mais c’était la crise, et c’est en temps de crise que la vérité se fait jour : il n’y a pas de différence fondamentale entre le populisme de gauche et le système que nous avons aujourd’hui. Le populisme de gauche, exciter le peuple contre les « riches, » amène toujours plus de la même chose : impôts élevés, dépenses incontrôlées, redistribution massive des revenus de la classe moyenne et travailleuse vers la coalition dirigeante qui comprend les hommes de l’État, les grandes entreprises et la nouvelle classe des bureaucrates, des technocrates et des idéologues, ainsi que les nombreux groupes qui en dépendent. Et ainsi, pendant l’effondrement, le populisme de gauche — populisme bidon — disparaît et toutes les escroqueries seront pardonnées au sein de la puissante coalition Edwards. Il est instructif de voir que l’Establishment affecte de croire aux assurances pleurnichardes de changement personnel du susdit Edwards (« J’ai 65 ans maintenant ; le bon temps a mûri »), alors qu’en revanche il refuse d’admettre que la conversion de David Duke soit sincère.

Ils disaient dans les années 1960, quand ils critiquaient gentiment la gauche violente : « arrêter la violence, travaillez au sein du système. » Et ça a marché, car l’ancienne Nouvelle Gauche commande désormais aux classes intellectuelles respectables. Pourquoi donc l’Establishment n’a-t-il pas voulu pardonner et oublier quand un membre de la droite radicale comme David Duke cesse de prôner la violence, abandonne ses habits du Klan et se met au travail à l’intérieur du système ? Si on pouvait avoir été communiste ou quoi que ce soit d’autre dans sa jeunesse tumultueuse, que ne peut-on avoir appartenu au Klan ? Ou, pour être plus précis, si on peut avoir été membre du Klan quand on s’appelle Hugo Black, juge que l’on porte désormais aux nues, ou quand on est Robert Byrd, le « lion » du Sénat, pourquoi pas David Duke ? La réponse est évidente : Black et Byrd sont devenus des membres de l’élite démocrate-sociale, de l’Establishment, alors que Duke persiste à être un populiste de droite, et donc un adversaire de l’Establishment, cette fois encore plus dangereux parce qu’il est au « sein du système ».

Il est fascinant de voir que, dans le programme ou dans la campagne actuels de Duke, il n’y a rien que ne puisse accepter des paléoconservateurs ou des paléolibertariens : baisse des impôts, démantèlement de la bureaucratie, réduction de l’État-providence, attaque contre la discrimination positive et les quotas raciaux, l’exigence de droits égaux pour tous les Américains, y compris les blancs. Quel mal y a-t-il à tout ça ? Bien entendu, la puissante coalition anti-Duke n’a pas choisi de s’en prendre à Duke sur une seule de ces questions. En fait, même les plus à gauche de ses adversaires admettaient à regret qu’il y a du vrai là-dedans. A la place, l’Establishment s’est concentré sur le type même de « campagne négative » qu’ils prétendaient auparavant détester (particulièrement quand elle était dirigée contre eux). (Note ironique : les pontes de la télévision, qui se font habituellement faire deux liftings par an, ont attaqué Duke pour son prétendu lifting facial. Et personne n’a ri !)

Qu’est-ce que le populisme de droite ?

L’idée fondamentale du populisme de droite est que nous vivons dans un pays et dans un monde étatisés. Que l’élite dirigeante qui les domine est constituée d’une coalition comprenant les membres d’un État obèse, les dirigeants de grandes sociétés, et divers autres lobbies influents. Plus précisément, la vieille Amérique de la liberté personnelle, de la propriété privée et de l’État minimal a fait place à une coalition de politiciens et de bureaucrates associés à des élites financières et commerciales (par exemple les Rockfeller, les membres de la Trilatérale) voire dominés par elles ; et cette nouvelle classe de technocrates et d’intellectuels, comprenant les universitaires du nord-est [de la Ivy League] et les élites médiatiques, représente dans la société la classe qui crée l’opinion. Bref, c’est une moderne alliance du Trône et de l’Autel qui nous dirige, sauf que le Trône s’incarne dans divers groupes de la grande industrie et que l’Autel est fait d’intellectuels étatistes laïcs, même si, au milieu de tout ce laïcisme, on peut encore trouver une dose appropriée de chrétiens partisans de l’ »Évangile » Social. La classe dominante des hommes de l’État a toujours eu besoin d’intellectuels pour justifier ce principe de gouvernement et pour tromper les masses afin qu’elles se complaisent dans leur asservissement, c’est-à-dire continuent à payer les impôts et à accepter la férule étatique. Dans les temps anciens, dans la plupart des sociétés, c’était une forme de clergé ou d’Église d’État qui tenait ce rôle. Aujourd’hui, en des temps moins religieux, nous avons les technocrates, les experts en « sciences sociales » et les intellectuels médiatiques, qui fournissent sa justification au système étatique et peuplent les rangs de sa bureaucratie.

Les libéraux ont souvent observé le problème mais, en tant que stratèges du changement social, ils ont raté leur coup. Suivant ce qu’on pourrait appeler le « modèle hayekien », ils ont cherché à propager la bonne parole, pour convertir à la liberté les élites intellectuelles, en commençant par les grands philosophes, puis, en descendant lentement l’échelle intellectuelle au cours des décennies, en persuadant les journalistes et autres faiseurs d’opinion dans les médias. Nul doute que les idées sont la clé, et que la diffusion d’une doctrine correcte constitue une part nécessaire de toute stratégie libérale. On pourrait dire que le processus prend trop de temps, mais une stratégie à long terme est importante et se différencie de la futilité tragique du conservatisme officiel, qui ne s’intéresse qu’au moindre des deux maux de l’élection en cours et qui perd par conséquent sur le moyen terme, pour ne pas parler du long terme. Toutefois, la véritable erreur n’est pas tant l’accent mis sur le long terme que l’ignorance de ce fait fondamental : le problème ne tient pas uniquement à une erreur de la part des intellectuels. Il tient aussi à ce que les intellectuels sont des profiteurs du système en place : ils sont à titre crucial des membres de la classe dominante. Le processus de conversion hayekien présuppose que tout le monde, ou du moins tous les intellectuels, ne s’intéresse qu’à la vérité et que l’intérêt matériel des personnes n’entre jamais en jeu. Or, quiconque a quelque connaissance des intellectuels et des universitaires devrait perdre toute illusion là-dessus, et rapidement. Toute stratégie libérale doit reconnaître que les intellectuels et les faiseurs d’opinions font partie intégrante du problème de base, non seulement en raison de leurs erreurs, mais aussi en raison de leur propre intérêt personnel, qui est lié au système dominant.

Pourquoi donc le communisme a-t-il implosé ? Parce que le système, à la fin, marchait si mal que même la nomenklatura en a eu marre et a jeté l’éponge. Les marxistes ont souligné à juste titre qu’un système social s’effondre quand la classe dirigeante est démoralisée et a perdu sa volonté de pouvoir : cette démoralisation, l’échec manifeste du système communiste l’avait finalement apportée. Cependant, ne rien faire, ne compter que sur une instruction appropriée des élites, cela veut dire que notre propre système de domination étatique ne s’arrêtera pas avant que toute notre société, comme celle de l’Union soviétique, soit réduite aux décombres. Il est certain que nous ne devons pas nous arrêter là. Une stratégie de libération doit être bien plus active et plus agressive.

D’où l’importance, pour les libéraux et pour les conservateurs partisans de l’État minimal, de disposer d’une stratégie à deux coups : non seulement diffuser les bonnes idées, mais aussi dénoncer la corruption des élites dirigeantes, exposer à quel point elles profitent du système existant, et plus précisément comment elles nous volent, nous. Arracher leur masque aux élites constitue une « campagne négative » des plus essentielles.

Cette stratégie à deux coups est donc :

(a) de construire un cadre pour nos propres faiseurs d’opinions anti-socialistes et partisans de l’État minimal, sur la base d’idées correctes ; et

(b) d’atteindre directement les masses, de court-circuiter les médias dominants et les élites intellectuelles, de soulever les masses contre les élites qui les pillent, les escroquent et les oppriment, à la fois socialement et économiquement.

Cependant, cette stratégie doit fusionner l’abstrait et le concret ; elle ne doit pas seulement s’en prendre aux élites sur le plan abstrait, mais doit particulièrement concentrer son attention sur le système étatique en place, sur ceux qui constituent les classes dominantes.

Les libéraux se sont longtemps interrogés sur les personnes et les groupes qu’il faudrait atteindre. La réponse simple : « tout le monde », ne suffit pas parce que, pour peser sur la politique, il faut concentrer sa stratégie sur les groupes les plus opprimés et sur ceux ont la plus grande influence sociale.

La réalité du système actuel est qu’il est constitué d’une alliance malsaine entre la grande entreprise démocrate-sociale et des élites des médias qui, par le truchement d’un État obèse, privilégient et exaltent une sous-classe parasitaire, laquelle pille et opprime l’ensemble des classes moyennes et travailleuses de l’Amérique. Par conséquent, la bonne stratégie pour les libéraux et les paléoconservateurs est une stratégie de « populisme de droite, » c’est-à-dire : exposer et dénoncer cette alliance maudite et inviter à descendre de notre dos cette alliance médiatique entre la social-démocratie et sous-classe exploiteuse des classes moyennes et travailleuses.

Un programme populiste de droite

Un programme populiste de droite, dès lors, doit se concentrer sur deux aspects : démanteler les domaines-clefs de la domination par les hommes de État et par les soi-disant élites, et libérer l’Américain moyen des manifestations les plus flagrantes et les plus oppressives de cette autorité. En somme :

1. Diminution radicale des impôts. De tous les impôts, sur les ventes, sur les entreprises, sur la propriété, etc., mais particulièrement celui qui opprime le plus, politiquement et personnellement : l’impôt sur le revenu. Nous devons travailler à la suppression de l’impôt sur le revenu et sur l’abolition de la bureaucratie qui l’administre.

2. Couper radicalement dans l’État-providence. Éliminer l’empire de la sous-classe par la suppression du système d’assistance ou, à défaut de suppression, par des coupes importantes et par sa restriction.

3. Supprimer les privilèges raciaux et autres privilèges de groupe. Supprimer, donc, la discrimination positive, les quotas racistes, etc. en soulignant que ces quotas-là prétendent se fonder sur la construction des « droits civiques, » laquelle nie le Droit de propriété de tout Américain.

4. Reconquérir les rues : pas de quartiers pour les criminels. Et par là j’entends, bien sûr, les violents criminels qui courent les rues — voleurs, agresseurs, violeurs, assassins — et non les « criminels en col blanc » ou les auteurs de prétendus « délits d’initié. » Les flics doivent être libres d’agir et autorisés à administrer une punition immédiate, leur responsabilité étant évidemment engagée en cas d’erreur.

5. Se réapproprier les rues : éliminer les clochards. Encore une fois : libérons les flics pour qu’ils nettoient les rues des clochards et des vagabonds. Où ces derniers iront-ils ? Mais qui s’en soucie ? On peut espérer qu’ils disparaîtront, c’est-à-dire qu’ils sortiront des rangs de la classe chouchoutée et dorlotée des clochards pour rejoindre les rangs des membres productifs de la société.

6. Supprimer la banque centrale : à bas les « banksters ». La monnaie et la banque sont des questions compliquées, mais on peut présenter la réalité de façon vivante : la Fed comme cartel organisé de « banksters », qui crée l’inflation, ce qui dépouille la population et détruit l’épargne de l’Américain moyen. Les centaines de milliards volés aux contribuables pour les donner aux banksters des S&L paraîtront dérisoires comparés à l’effondrement à venir des banques commerciales.

7. America First. Un point clé, et qui n’est pas là pour ne venir qu’en septième position par ordre de priorité. L’économie américaine n’est pas seulement en récession : elle stagne. La famille moyenne est moins bien lotie aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Come home, America. Cessons de distribuer des aides à tous ces mendiants étrangers. Arrêtons toute aide « au développement », qui n’est qu’une aide aux banksters, à leurs titres et à leurs industries d’exportation. Arrêtons tout ça et résolvons nos problèmes intérieurs.

8. Défendre les valeurs de la famille. Ce qui veut dire écarter des familles les hommes de l’État, supprimer le pouvoir étatique au nom du Droit des parents. A long terme, cela veut dire supprimer les écoles publiques et les remplacer par des écoles privées. Nous devons toutefois comprendre que les projets de « bon solaire » et même de crédit d’impôts ne constituent pas, malgré ce qu’en dit Milton Friedman, des progrès transitoires conduisant à terme à l’enseignement privatisé. Au contraire, les choses ne feront qu’empirer parce que les hommes de l’État y contrôleraient toujours davantage les écoles privées, et de plus en plus vite. La bonne solution consiste à décentraliser, et revenir à la gestion locale, communale, des écoles.

Un point supplémentaire : nous devons rejeter une fois pour toutes les idées des « libéraux » de gauche qui affirment qu’il faudrait transformer en cloaque tout ce sur quoi les hommes de l’État ont mis la main : a défaut de privatisation, en attendant qu’elle arrive, nous devons tenter de gérer les institutions étatisées de la manière la plus propice à leur transformation ultime en entreprises normales, ou la placer sous contrôle local. Cela signifie toutefois ceci : les écoles publiques doivent admettre qu’on y fasse des prières. Nous devons abandonner cette absurde interprétation du Premier Amendement que font les athées de gauche et selon laquelle celui-ci interdirait la prière dans les écoles publiques, ou une crèche de Noël dans les préaux d’école ou dans les jardins publics. Nous devons revenir au bon sens et au contenu originel pour ce qui concerne la manière d’interpréter la Constitution.

Pour finir : chaque point de ces programmes populistes de droite est entièrement cohérent avec une position purement libérale. Cependant, toute politique du monde réel est une politique de coalition et il y a d’autres domaines où les libéraux pourraient bien transiger avec leurs partenaires conservateurs, traditionalistes ou autres au sien d’une coalition populiste. Par exemple, à propos des valeurs familiales, prenons les sujets délicats de la pornographie, de la prostitution ou de l’avortement. Ici, les libertariens partisans de la légalisation et de la possibilité d’avorter devraient être prêts à accepter un compromis sur la base d’une position décentralisée : ceci signifie mettre un terme à la tyrannie des tribunaux fédéraux et abandonner ces questions aux divers États américains, ou, mieux encore, aux régions et aux quartiers.

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