Le Signe de la Lune - José-Luis Munuera & Enrique Bonet

Par Belzaran


Titre : Le Signe de la Lune
Scénariste : Enrique Bonet
Dessinateur : José-Luis Munuera
Parution : Octobre 2009


 « Le Signe de la Lune » est un one-shot de 130 pages se situant dans un village espagnol dans les années 1920. Il est scénarisé par Enrique Bonet et dessiné par José-Luis Munuera. Il relate l’histoire de jeunes gens jusqu’à un évènement qui va bouleverser leurs vies. On retrouve alors les personnages plus tard, jeunes adultes.

Le personnage principal est une jeune fille, Artémis. Considérée comme la plus jolie fille du village, elle attise les rivalités entre les garçons du village, notamment Rufo, un voyou violent et Brindille, un être doux qui peut communiquer avec les animaux. Citons également le petit frère de Brindille qu’elle trimballe avec elle partout.

Artémis a une obsession : la Lune. Elle lui parle et la voie en rêve régulièrement. Une partie de sa vie est rythmée par le cycle lunaire. Comme l’ouvrage s’appelle « Le Signe de la Lune », il est évident que cette passion sélénite aura une influence majeure dans l’histoire. Et cette histoire est particulièrement dure. La cruauté des enfants entre eux est simplement énorme. Lorsque Brindille est tabassé, l’un des garçons déclare : « Arrête, tu vas le tuer ». La violence dont fait preuve Rufo et ses menaces permanentes participent à climat de tension qui ne faiblit jamais vraiment. De même, la différence n’est jamais acceptée, que ce soit Brindille, rejeté parce qu’il est trop proche de la nature ou Pif, parce qu’il est laid. C’est une vision bien noire de l’humanité qui nous est présentée.

Le découpage de l’ouvrage avec un avant et un après donne de l’ampleur au propos. Découvrir des gens enfants et ce qu’ils sont devenus plusieurs années plus tard est toujours intéressant. Les traumatismes qu’ils vivront auront des conséquences directes sur la suite des évènements. Car c’est avant tout d’enfance dont on parle ici. Les blessures de la jeunesse ont bien du mal à se refermer. La fin de l’innocence est un passage impitoyable qui broie les esprits.

L’obsession d’Artémis pour l’astre lunaire donne un côté très onirique à l’ouvrage. De nombreuses scènes se passent la nuit, à la lueur de la Lune. Les rêves de la jeune fille, le fait qu’elle parle avec l’astre ajoutent une aura de mystère, accentué par les légendes locales sur de prétendus monstres.

Le dessin du Munuera est simplement magnifique. Noir et blanc, ombré par lavis, il resplendit. Le dessinateur n’hésite pas à utiliser des pages entières (voire des double-pages) pour certaines illustrations. L’atmosphère lunaire est parfaitement rendue, ajoutant à l’onirisme de l’œuvre. Son dessin semi-réaliste est parfaitement adapté à cette histoire qui parle avant tout de l’enfance. Seul bémol : Munuera ajoute une touche de couleur rouge pour la cape d’Artémis. Ceci arrive assez loin dans l’ouvrage et n’a pas de réel intérêt. Mais cela n’enlève rien à la beauté du tout.

Au final, cette bande-dessinée est un vrai régal. Le propos est dur, implacable, dramatique et servi par un dessin magnifique. L’aspect onirique du tout donne une touche supplémentaire à l’ouvrage. A découvrir sans tarder.

par Belzaran

Note : 16/20