A propos d’Elly d’Asghar Farhadi 4 out of 5 stars
Goldshifteh Farahani et Taraneh Alidousti
En Iran, un groupe d’amis trentenaires décide de passer ensemble leurs vacances dans une maison au bord de la mer Caspienne. Parmi eux, une inconnue : Elly, l’institutrice des enfants de Sepideh. Dès le lendemain de leur arrivée, Elly disparait…
Second long métrage d’Asghar Farhadi, après La fête du feu (2007) et avant Une séparation, A propos d’Elly cerne déjà en creux les thèmes chers au réalisateur : le mensonge, la culpabilité, les préjugés d’une certaine société iranienne aisée, etc… Le style ne laisse pas de doute sur l’identité et les intentions du réalisateur. Comme Une séparation, A propos d’Elly est bâti comme un polar, un film à suspense, une enquête minutieuse ponctuée de rebondissements.
La première grande force des films d’Asghar Farhadi, c’est la richesse du scénario dans lequel des micro-évènements viennent constamment relancer le suspense et l’action.
Dans A propos d’Elly, la plupart des acteurs sont les mêmes que dans Une séparation à quelques exceptions près comme Goldshifteh Farahani (Sepideh) ou Taraneh Alidousti (Elly).
A propos d’Elly est construit comme un huis-clos. Un groupe de jeunes amis que l’on imagine issus d’une société plutôt aisée de Téhéran vient passer trois jours à la mer avec leurs enfants. Elly est un peu l’inconnue. C’est en fait Sepideh qui l’a fait venir pour « arranger » une rencontre avec son ami Ahmad (Shahab Hosseyni) qui vient de rompre avec sa femme en Allemagne. Elly est elle-même fiancée à un homme qu’elle n’aime pas ou plus. Tout en ayant accepté de venir, elle se sent coupable vis-à-vis de son fiancé. Elly est malheureuse, coincée entre une mère qui l’accapare au téléphone et un homme qu’elle n’aime. Dès le deuxième jour, elle ne pense qu’à repartir à Téhéran, rongé par le remords et les scrupules. C’est alors qu’elle disparait, après avoir tenté de sauver un enfant de la noyade ?
Comme dans Une séparation, c’est le mensonge qui est le nœud de l’intrigue. Les personnages ont tous un côté moraliste. Ils jugent un par un Elly et à mesure qu’ils découvrent les raisons réelles de sa venue, la condamnent sans nuances, sans savoir non plus ce qui lui est réellement arrivé. Ce côté conservateur, du moins sclérosé de la société iranienne est d’autant plus étonnant voire inquiétant que le groupe dont parle Farhadi est composé de jeunes, des jeunes à l’esprit étrangement tourné vers le passé.
Si l’on a dit que le mensonge est au cœur d’ A propos d’Elly comme il le sera dans Une séparation, il faut nuancer cette opinion. Car c’est plutôt d’arrangement avec la vérité dont il s’agit dans le film. Toute la nuance d’A propos d’Elly se situe dans cet interstice entre le non-dit et le mensonge.
Que choisiront de dire les protagonistes quand le fiancé éploré débarquera, lui qui ne savait même pas qu’Elly était partie à la mer ? Mentiront-ils de peur de détruire davantage le fiancé ?
Magistralement mis en scène et raconté, le récit d’A propos d’Elly est joué par de très bons acteurs, à l’exception peut-être de Goldshifteh Farahani dont le jeu trop théâtral et de tragédienne parait un brin surjoué pour le cinéma.
www.youtube.com/watch?v=-Xv7-yAe9lc
Film iranien d’Asghar Farhadi, avec Golshifteh Farahani, Taraneh Alidousti, Shahab Hosseyni, (01h56, Iran, 2009)
Scénario : 4 out of 5 stars
Mise en scène : 4 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 4 out of 5 stars