Photographie 1 : Trois peintures de manuscrits en pleine page de l'exposition Enluminures du Moyen Age et de la Renaissance qui se déroule jusqu'au 10
octobre au musée du Louvre à Paris, avec de gauche à droite :
- « Arbre de consanguinité » par Guillaume Vrelant. Page provenant d'un manuscrit du XVe
siècle des Pays-Bas – Bruges et conservée au département des Arts graphiques du musée du Louvre, RF 1698. © 2006 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola.
-
Peinture du Maître du livre d’Heures de Dresde des mêmes : siècle, provenance et lieu de conservation sous l'inventaire INV 20694 bis © idem.
- « Bethsabée au bain » par Jean Pichore. Iconographie issue d'un manuscrit français du
XVIe siècle conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre, RF 4243 © 2004 musée du Louvre / Martine Beck-Coppola. La photographie ci-dessous à droite est un détail de cette
peinture.
Photographie de gauche : Peinture pleine page (de la même exposition) de Jean Fouquet (vers 1415 – vers 1480), représentant Saint Martin, conservée au département des Arts graphiques du musée du Louvre sous la référence MI 1093. © RMN / Thierry Le Mage. Ce saint chrétien est particulièrement
populaire en France notamment parce qu'il est à l'origine des premiers monastères en Gaule. Un épisode largement représenté dans l'iconographie médiévale est celui où, encore soldat romain, il
offre la moitié de son manteau à un pauvre. D'après Wikipedia : « La cape de saint Martin de Tours, qui fut envoyée comme relique à la chapelle palatine de Charlemagne
d'Aix-la-chapelle, est aussi à l'origine du mot chapelle, c'est-à-dire l'endroit où l'on
gardait la cape du saint qui était emportée lors des batailles et portée en bannière. » La peinture de Jean Fouquet semble situer son action lorsque saint Martin est encore soldat, avant ou
après le partage de sa pelisse (cape). Il est amusant de constater qu'il s'apprête à passer au milieu de moutons et de fileuses : tout cela nous rapprochant beaucoup de la mode … ou du moins de
l'importance protectrice de l'habit.
Ayant fréquenté
lors de mes études la section des manuscrits de la bibliothèque nationale de France, rue de Richelieu à Paris, je sais les trésors de miniatures que recèlent certains livres médiévaux, avec un
patrimoine en latin et en ancien français d'une incroyable finesse : mille ans d'une évolution mise entre parenthèses par le classicisme et pourtant d'une richesse incommensurable … une véritable
corne d'abondance qui attend dans des bibliothèques et réserves d'être divulguée, notamment sur internet. Bien sûr le Moyen-âge est une période difficile d'approche pour diverses raisons :
la longueur de la période (Ve - XVe siècles) ; la nécessaire connaissance du latin, de l'ancien français, des écritures employées comme la calligraphie gothique, des histoires générales et particulières d'une France qui se construit avec une multitude de
particularités régionales ; une esthétique très éloignée de la figuration classique, de la perspective réaliste du XXe siècle et de l'abstrait ; le peu d'intérêt qu'il suscite à
l'époque moderne depuis le XVIe siècle etc.
Non seulement ces manuscrits peuvent receler des textes très rares mais aussi des peintures avec de
véritables chefs-d'œuvre. Certains livres contiennent de nombreuses merveilles iconographiques toutes uniques. Si celles-ci ont beaucoup plus de valeur dans l'ouvrage même pour lequel elles
sont conçues, certaines nous sont parvenues en dehors de celui-ci. Si une telle pratique est fâcheuse, il n'en reste pas moins que ces pages nous sont aujourd'hui ainsi
transmises et restent des trésors. Le Louvre possède un fonds de telles enluminures. Henri Loyrette,
président-directeur du musée du Louvre, nous explique que ce fonds réunit « un bel ensemble de peintures de livres, qui, suivant une pratique aussi ancienne que regrettable, ont été
découpées dans des manuscrits souvent luxueux ou prestigieux quand la fonction liturgique, littéraire ou scientifique des ouvrages où elles se trouvaient apparaissait secondaire en regard de la
valeur artistique de leur illustration. La conscience esthétique, de plus en plus forte à partir du XVIIIe siècle, a ici joué contre l’intégrité des livres. Le vandalisme ordinaire et les appétits du marché ont fait le reste. Dans un mouvement inverse, cette
conscience a animé la volonté des
amateurs et des collectionneurs de préserver les feuillets épars
des manuscrits dépecés ou découpés et nous devons à ceux-ci de posséder encore aujourd’hui des pièces incomparables de l’enluminure européenne : les miniatures peintes par le Maître du Parement
pour les Très Belles Heures de Jean de Berry, les grandes pages peintes par Fouquet pour une Histoire ancienne, un feuillet des Heures noires de Charles le Téméraire et les deux pleines pages de
Giulio Clovio comptent parmi ces œuvres inestimables. »
La publication du catalogue raisonné de cet ensemble offre l’occasion d’en découvrir pour la
première fois les raffinements dans l'exposition Enluminures du Moyen Age
et de la Renaissance qui se déroule jusqu'au 10 octobre au musée du Louvre avec près de « soixante-dix enluminures italiennes, françaises, flamandes et germaniques,
provenant de manuscrits historiques, littéraires ou liturgiques où dominent les chefs-d’œuvre de Jean Fouquet, Lorenzo Monaco, Guillaume Vrelant, Simon Bening et Giulio Clovio. Une vision
précieuse sans égale, née de la rencontre du livre et de la peinture du XIe au XVIe siècle. »
Je profite de cette exposition, à travers des exemples présentés dans celle-ci, pour reprendre un thème
qui m'est cher : celui de la mode, en particulier au Moyen-âge, période dont la finesse des parures, langages et moeurs est sans commune mesure avec celle d'aujourd'hui.
Photographies de gauche et ci-dessous : Détails des trois peintures de la photographie
précédente avec d'abord des coiffes de femmes puis d'hommes, aux XVe et XVIe siècles.
Les coiffes de femmes représentées sont du XVIe siècle pour
les deux premières et du XVe pour toutes les autres avec les chapeaux à la mode durant ce siècle : hennin, coiffes à cornes et en turbans.
Voici d'autres exemples de : hennins (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et détail), coiffes à cornes (1 et 2), coiffures à nattes (1), coiffures en cheveux (1 et 2), diadème (1), autres coiffures (1 et 2).
L'exposition Fashion in the Middle Ages ('Des modes du Moyen-âge') du The J. Paul Getty Museum de Los Angeles aux Etats-Unis présente jusqu'au 14 août plusieurs
iconographies du XVe siècle avec des exemples de ces coiffes comme ici ou ici.
Les détails ci-dessous sont tous de la même peinture du XVe siècle et offrent un aspect de
la richesse des formes de chapeaux pour hommes alors.
© Article LM