Quand vient l’été, le magazine ne sort qu’un seul gros numéro qui couvre juillet et août, c’est assez fréquent dans la presse et je les comprends. Au début du mois, ne voyant pas arriver mon journal favori dans ma boîte aux lettres, j’en ai rejeté la faute sur les services postaux les accablant in petto de tous les maux de la terre et les vouant aux plus horribles souffrances pour l’éternité. Jusqu’à ce que je m’aperçoive que ce fameux magazine n’était pas en vente non plus chez mon marchand de journaux. Conséquence évidente, la Poste était innocente – pour une fois – et je retirais mes injures, les gardant pour une prochaine occasion qui ne saurait tarder.
Pour connaître le fin mot de cette histoire, il ne me restait plus qu’à écrire directement au journal et illico presto je balançais un email rageur et ironique au rédacteur en chef de la dite revue. Rock’n roll d’accord, mais l’abonnement n’étant pas gratuit j’étais en droit de m’enquérir de ce retard plus qu’alarmant où je voyais poindre à l’horizon l’évaporation de mon investissement.
La réponse n’a pas tardé, rendons en justice à Christophe G. qui a éclairé ma lanterne par cette réponse sans appel :
« Malheureusement, le magazine est contraint d'arrêter sa parution, à cause d'une chute aussi vertigineuse qu'irrémédiable des rentrées de publicité (moins 60% en mai, moins 90% en juin pour ce numéro "qu'on ne nous a pas laissé faire"). Vraiment désolé.
Merci pour le soutien et la fidélité (on aura presque tenu 100 numéros !!)… On est en train de réfléchir à des compensations en nature, avec certains abonnés à qui on ne veut pas laisser comme un sale goût d'avoir été arnaqué, également car nous sommes dans l'impossibilité totale de les rembourser. Les fichiers sont gros et complexes, et donc très longs à traiter, surtout que la situation nous accapare de bien d'autres manières. Bonne soirée, quand même ! »
En français populaire et vulgaire, ça s’appelle l’avoir dans l’os ! Je venais tous juste de renouveler mon abonnement par un chèque envoyé il y a deux mois. Aujourd’hui il ne me reste plus que mes yeux pour pleurer, pleurer de honte surtout, car si le magazine s’appelle Crossroads, la société qui le gère et au nom de laquelle doivent être libellés les chèques, se nomme Bandits Company ! Ils ne nous avaient donc pas pris en traître. Et je vous jure que ce n’est pas une blague.