les copains d'avant

Par Richard Gonzalez

San Martin d'Empuries, Espagne, avril 2007

"Tu étais très drôle, tu faisais rire ma mère." Des souvenirs qui se dénouent dans le désordre au bout du fil. Les phrases qui s'enchaînent à l'imparfait. C'était quel jour, quand on a oublié de se dire au revoir?

Les pages blanches de vingt-six années se remplissent à gros traits. C'est alors le chant qui monte; chagrins et joies, le cruel balancier des destins, le balbutiement sans fin des coeurs. Toute cette vie sans nous déjà très longue, ce passé que la mémoire ne raccourcira pas.

Et nous voilà à mi-chemin de la terre et du ciel. Ces retrouvailles plantées au milieu, on voudrait qu'elles brillent comme une aiguille à coudre. Elles seront un promontoire pour prendre la juste mesure de nos différences et la valeur de nos quarante ans remués. Et ce n'est déjà pas si mal.

Moi aussi, B., j'ai voulu retourner au restaurant des pêcheurs où nos parents se régalaient de sardines grillées. Et je n'ai pas retrouvé l'endroit.