Ce pays là, où les élus se querellent à grands renforts de millions pendant que la misère et la précarité étouffent un peuple agonisant et qui doit encore une fois faire face à une crise d’identité et de mauritaneité, ce pays est le mien …
Vu de là haut, de très là haut, notre pays a des allures d’une grosse institution financière où les « bien-nés » de cette bénite terre se sucrent à hauteur de leur poids social ou de leur allégeances. Toutes les crises, tous les scandales portent sur des montants astronomiques, utilisés ou empruntés par un tel pour des besoins de « consommation locale ».
C’est à se demander si de là haut on a le sens de la mesure, des petites coupures ; celles –là même qui, en ces temps de crise, de toutes les crises, font terriblement défaut au peuple, au petit peuple, celui d’en bas j’entends. Ce peuple qui bat le bitume D’Afarco à la recherche d’un « on ne sait quoi, quelque chose pour rompre l’implacable monotonie d’un quotidien pesant, trop pesant. Le peuple qui rase les murs, épie regards et gestes à l’affut de ce « on ne sait quoi » .Celui qui permet d’avoir du répit, un autre répit. Celui qui tiendra jusqu’à demain…pour ceux d’entre eux qui tiendront jusqu’à demain. Pour ces citoyens- en -sursis la république est une évasive idée de promesses non tenues et pourtant régulièrement renouvelées. D’elle ne subsiste que la lointaine couleur jaune des bidons d’eau qui partagent leur promiscuité indécente. Loin des fastes et autres « facilités »que la république distribue généreusement à ceux qui (se) la servent , ce peuple, celui d’en bas, n’a droit qu’au frustre plaisir des bouffées d’air frais malicieusement volées sur les portes des réclusions suaves de ses chefs désœuvrés .Sa vie est une longue liste d’existences bafouées ,de jeunesses fanées sur le parvis de politiques tatillonnes. Une vie d’attente, celle des rescapés de la république qui échouent sur les rivages de nos immeubles- carrefours ; lieux de convergence d’un peuple qui attend un changement, une rencontre généreuse, une promesse de vie digne dans un pays où les millions pleuvent quand on est du bon bord et qu’on prêche la « bonne parole ; Le pays qui récuse les complaintes, dénie les dénonciations. Un pays où le « politiquement correct » recommande de rester dans la constation plutôt que dans la contestation. Un pays où les états de fait font légion et où tout ce qui fait légion fait droit.
Ce pays là, où les élus se querellent à grands renforts de millions pendant que la misère et la précarité étouffent un peuple agonisant et qui doit encore une fois faire face à une crise d’identité et de mauritaneité, ce pays est le mien … du moins si l’agent recenseur décide qu’il en sera ainsi !
Ibrahima falilou