Inscrire la règle d'or budgètaire dans la constitution : un scandale !

Publié le 27 juillet 2011 par Leunamme

C'est la grande idée de la droite en ce moment, réformer la constitution pour imposer une "règle d'or budgétaire" aux futurs gouvernements d'après 2012. Cette règle consiste à obliger les futurs exécutifs à un retard à l'équilibre budgètaire dans les trois ans, et ensuite à s'y tenir.

Toute modification de la constitution impose un vote du Parlement avec une majorité des 2 tiers. Or, pour l'instant, Nicolas Sarkozy n'a pas cette majorité. Il tente donc un coup politique en écrivant à tous les parlementaires (une première sous la 5ème République). Ce faisant, il prend l'opinion à témoin, et fait passer les principaux candidats socialistes pour de mauvais gestionnaires.

Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une forfaiture. Même une fois voté au Parlement, ce texte ne fera pas de Nicolas Sarkozy un bon gestionnaire. Il restera le président de la République qui a le plus plombé les finances publiques. De plus précisons que cette disposition ne s'appliquera qu'après l'élection présidentielle, donc sera une contrainte pour le futur président de la République (qui espérons-le ne sera pas Nicolas Sarkozy).

Mais là où le scandale est grand c'est dans ce qu'il y a derrière ce texte, ce que l'on ne nous dit pas. Il s'agit en fait d'imposer, d'inscrire dans le marbre une politique de rigueur budgètaire, de mettre un carcan économique aux futurs pouvoirs qui auront une marge de manoeuvre économique particulièrement réduite. Ce que veut Nicolas Sarkozy, c'est interdire toute politique de relance par l'emprunt ou la consommation, c'est de faire en sorte que la seule voie possible désormais, soit celle suivie par son gouvernement, celle du FMI ou celle que l'Union Européenne impose au forceps à la Grèce et bientôt à d'autres pays.

 Il faut refuser de voter ce texte. D'une part parce qu'ainsi Nicolas Sarkozy sera mis face à ses responsabilités et devra assumer sa mauvaise gestion. D'autre part, parce que cette règle d'or empêchera définitivement toute vraie politique de gauche, c'est à dire une politique de redistribution.

Pour l'instant, l'opposition socialiste semble décidée à ne pas voter, ce qui reviendrait à ce que le texte ne soit pas voté. Pour autant, certains discours socialistes sur la nécessité d'un retour rapide à l'équilibre ou sur certains point de ce texte qu'ils jugent malgré tout positifs, sont inquiétants. Et en disent long sur le glissement progressif de ce parti sur sa droite.