[Rock'n Talk] Mademoiselle K : « Etre rebelle, c’est dire non. Mais il faut dire non pour une raison importante. »

Publié le 28 juillet 2011 par Nowplaying


Sa musique ? Tout le monde l’a déjà entendue. Son nom ? Mademoiselle K. Enfin… pas tout à fait. Sous son vrai nom, Katerine Gierak est une artiste incontournable de la scène rock française. Et de la scène française tout court, puisqu’elle collabore avec les plus grands (dont Zazie, sur le dernier album). Véritable autodidacte, elle aime cultiver l’ambiguïté. De sa sexualité au nom du groupe, la belle ténébreuse brouille les pistes. Tête d’affiche de la catégorie « rebelles » du festival FNAC pour Paris Plages, c’est avec pudeur et passion qu’elle a accepté de répondre à mes questions.

On est d’accord que « Mademoiselle K » désigne l’ensemble du groupe ?

C’est vrai que j’ai passé trois ans à ce qu’on me dise « Mademoiselle K c’est toi », et à ce que je réponde « non c’est le nom du groupe ». Maintenant qu’on me dit que c’est le groupe, moi je leur dis que c’est moi. En fait, c’est un peu des deux… parce-ce qu’effectivement, c’est le même groupe depuis le début. On a même un cinquième mec qui s’est ajouté sur la tournée et qui fait les claviers. J’ai toujours écrit les textes, mais sur « Jouer Dehors » j’ai à nouveau composé. J’ai fais un travail plus proche du premier album où j’avais fais tous les morceaux. Pour le dernier c’est pareil, j’ai composé toute seule, mais on travaille les arrangements ensemble. Donc c’est entre les deux. Ça part de moi, et dans le prolongement c’est un groupe.

Où trouves-tu ton inspiration pour écrire les textes et composer ?

De pleins de trucs… Beaucoup des livres, plus que des films par exemple. Du vécu aussi… parce qu’il y a toujours beaucoup de ma vie personnelle dans ce que je dis. Mais dans les univers c’est effectivement souvent les livres. Sur le deuxième album j’avais été assez marquée par Murakami. J’en ai lu plusieurs livres à la suite, dont surtout « La fin des temps ». Sur « Jouer Dehors », pour le titre « Sioux », j’ai été beaucoup marquée par « Tristes tropiques » de Levi Strauss. J’ai vraiment été passionnée par ce livre. J’ai suivi des cours d’ethno-musicologie quand j’étais en musicologie à La Sorbonne, des cours passionnants où on nous l’avait donné à lire. Je ne l’avais pas lu à cette époque, et je l’ai lu finalement en travaillant sur cet album. Ça m’a vraiment donné envie de découvrir l’Amérique du Sud. C’est un titre qui parle d’un sioux, mais c’est aussi sur toutes les formes de tribus indiennes qui peuvent exister dans le monde.

Comment on passe d’une formation classique en musicologie à La Sorbonne, à une étiquette de « rebelle » ?

« Rebelle » c’est un concept que je trouve bateau. Tout le monde a ça en soi. Le jour où on refuse quelque chose, on est rebelle. Mais ce que je trouve intéressant, c’est de dire « non » pour une raison importante. Dire non pour dire non, parce que c’est rock’n roll, c’est sans intérêt. Le perf que je porte en ce moment, ça fait plusieurs années que je l’ai. J’aime toujours autant le mettre, mais je ne me dis pas que parce-que je porte un perf je me sens « rebelle ». En revanche c’est sympa de se retrouver dans un salon 16ème en perf (rires), je trouve ça très agréable. Mais je pense qu’il y a un truc avec le fait de dire non, de ne pas se laisser faire. Et les nanas, dans le paysage musical français, se portent plutôt bien avec ça dans leur manière d’assumer ce qu’elles sont, de dire les choses. Par exemple, je ne connais pas bien les Brigitte mais je serais curieuse de voir ce qu’elles racontent… on m’a dit que c’était pas mal. Et Oh La La j’ai entendu aussi quelques titres, et je connaissais déjà ce que fait Natasha (chanteuse de Oh La La, ndlr). Elle, elle est par exemple dans des choses très sexe. Moi j’ai toujours de temps à autre des chansons un peu sexy, mais je suis plus pudique sur certains thèmes. Et à l’inverse, je suis beaucoup plus cash sur d’autres thématiques, comme les chansons « Crève », ou « Enjoliveur » où je dis que je nique le vent et que je pisse debout… Très honnêtement, je pense qu’il y a des gens beaucoup plus rebelles que moi, et beaucoup plus en marge de la société.

En dehors des salons 16ème, tu as des quartiers préférés dans Paris ?

J’adore les vieilles pierres, donc j’aime beaucoup Le Marais, c’est super beau. J’aime aussi beaucoup les marchés qu’ils sont en train de rénover, proches de République : tout le coin du Marché des enfants rouges. Le 12ème aussi, vers Bercy, il y a plein de gros trottoirs et c’est super pour faire du roller et du skate.

Tu nous parles de Brigitte et Oh La La, qui sont aujourd’hui avec toi à l’affiche du festival… En ce moment tu as d’autres coups de cœur sur la scène française ?

Hey Hey My My, c’est des Français, et j’aime beaucoup. J’ai écouté leurs deux CDs il y a peu de temps et c’est vraiment bien. J’adore Stuck In The Sound aussi, je trouve que c’est un super groupe. On a croisé il y a pas longtemps Lilly Wood (de Lilly Wood & The Prick, ndlr), elle a un quelque chose de très sincère cette nana, il y a vraiment de très bons titres. Je suis plus dans les groupes en anglais en ce moment, mais Brigitte j’aimerais bien découvrir, ça a l’air pas mal. Sinon, en dehors de la scène française, j’ai adoré le troisième album d’Arcade Fire.

Le groupe et toi êtes très actifs sur votre page Facebook. Vous entretenez un vrai rapport de proximité avec les fans…

Tant qu’on fait des dates on publie , mais on n’en fait pas plus qu’il n’en faut. Ça fait un an ou un peu plus qu’on est sur Facebook et c’est allé très vite. C’est le producteur qui nous a ouvert une page, comme à l’époque la page Myspace, et qui m’a dit « c’est bien, tu verras ». Sans qu’on fasse rien, il y avait déjà 15 000 fans. Je me suis dis qu’il fallait en faire quelque chose parce que ça avait l’air vraiment incroyable. Je me souviens, le premier post était pour dire que j’étais en préparation de l’album, et j’ai halluciné de la rapidité des commentaires. J’avais des réponses en deux secondes. Je trouve ça génial, c’est un super moyen d’échange : assez agréable, vraiment fun, et comme ça les gens sont au courant d’où on est. Ça ne fait pas longtemps que je mets des photos, avant je mettais un petit mot pour chaque ville. Tous les festivals d’été qu’on fait c’est l’occasion de mettre des photos parce qu’on est en extérieur, et il y a une meilleure ambiance. C’est arrivé comme ça, spontanément. Ça marche très bien et on continue à chaque ville de trouver un truc sympa. D’ailleurs en ce moment il y a un vote pour que notre clip soit diffusé à Rock-en-Seine. Comme on ne joue pas à Rock-en-Seine je trouve ça cool. Qu’ils passent le clip de « Jouer Dehors » ce serait vraiment bien, surtout que ce n’est pas évident car Rock-en-Seine c’est une programmation très anglophone.

Justement, vous faîtes beaucoup de concerts : plus de 300 les 4 premières années, et ça continue. Quels sont tes meilleurs souvenirs de live ?

Les Francofolies cette année c’était très émouvant. J’avais très envie de faire cette scène, ça me faisait vraiment rêver. Et quand on est arrivés c’était plein, il y avait 15 000 personnes. En plus c’est de jour, donc on les voit bien… c’était assez fort. Il y a des scènes comme ça où les gens renvoient quelque chose. Et ce jour là, on était vraiment raccord moi et le groupe. C’était le genre de concert où il y a « un tout » qui se forme. Mon premier avec cette émotion là, c’était Colmar, en première partie de Placebo il y a 4 ou 5 ans. C’était 10 000 personnes, on a joué juste une demie-heure, et pendant le final ils se sont tous levés. Une foule, ça renvoie de l’énergie, c’est très fort.

Tu participes aujourd’hui au festival FNAC Paris Plages, mais est-ce que tu es déjà venue à Paris Plages autrement qu’en tant qu’artiste ?

Cette année je ne suis pas encore allée m’y promener, mais je trouve ça cool de faire ça, j’aime bien. Je suis déjà venue, mais pas depuis deux ans. L’an dernier j’étais en studio, là on est dans les festivals… mais j’irai faire un tour début août.

En dehors des prochains festivals, quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Toujours de l’écriture, je ne reste jamais longtemps sans préparer la suite. Mais pour cet album je suis plus « au jour le jour ». Je veux que chaque concert soit bien, que chaque date soit différente. De date en date on peaufine, on change un peu les setlists. On fait un tout petit peu moins de dates que sur les autres tournées, mais ça nous permet de nous renouveler entre chaque. Le but c’est de faire ça bien. La prochaine ligne droite c’est le Zénith (de Paris, le 21 octobre, ndlr), auquel je ne peux pas ne pas réfléchir.

Pour terminer, ta devise ?

« Ce que tu ne peux éviter, embrasse-le. » – Shakespeare.

Dans l’objectif de mon Pola : mon avis subjectif

Tous droits réservés : Azulita / Emilie Fleutot

Coup de foudre il y a cinq ans quand je l’ai découverte sur Arte. Reportage aléatoire, de ceux qui n’existent que pour combler les insomnies. Insomnies désormais alimentées par les textes déchirants de cette Mademoiselle à l’époque encore inconnue. Coup de foudre mûri en coup de claque alors que je la voyais pour la première fois sur scène. Coup de « pour toi je me ferai Monsieur » depuis ce tête-à-tête, où dans toute son humilité, l’Artiste te met un coup de sa passion dévorante dans le cœur. Une artiste qui ne s’exprime pas à demi-mot. Pourtant sur scène, c’est toujours à demi-nue qu’elle apparait… Jamais à demi-mesure, l’éternelle ado qui préfère être une Mademoiselle alors qu’elle a toute la grandeur d’âme d’une Madame, est surtout une bête. Une bête de scène, qui pour l’occasion est déguisée en bête de basse-cour. Mais sa basse-cour à elle ne caquette pas un mot du concert, si ce n’est pour crier des mots d’amour ou chanter les textes tranchants de cette Artiste poignante. Coup de poing en pleine face d’une Mademoiselle avec un K pour Karismatique. Gagnante de mon Kœur par K.O.

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Merci à Paris.fr pour avoir organisé cette rencontre.