Norvège : la diabolisation n’est pas une réponse

 

NORVÈGE : LA DIABOLISATION N’EST PAS UNE RÉPONSE Les dangers d’un autisme médiatico–politique Posté par: www.metamag.fr

L’analyse des motivations du carnage de Norvège semble se diriger vers un refus de prise en compte d’éléments importants. Cela est dû à plusieurs facteurs. Il y a, d’abord, la tentation de tout réduire au geste d’un fou. Pour l’avocat, c’est une stratégie compréhensible et peut être, d’ailleurs, la meilleure pour la défense de son client. Il est bien évident que ce passage à l’acte et la mise en scène, sur internet, d’une idéologie vaguement nazi, avec pose en uniformes, sont constitutifs d’un déséquilibre mental.  Mais cela ne veut pas dire que l’homme est irresponsable. Il a soigneusement préparé son acte et l’a exécuté minutieusement, avec un esprit de froide efficacité et une détermination qui, de toute évidence, ont manqué à ses cibles comme aux forces de police qui sont, à juste titre, sur le grill. La thèse de la folie pourrait, d’ailleurs, être reprise par l’accusation pour ne pas avoir à parler des motivations. C’est ce qui se faisait en URSS où les dissidents, contestant le régime, étaient considérés comme déments et internés. Une folie politique permet de réduire le discours politique du terroriste à la folie pure et simple. Mais c’est, bien sûr, simpliste.  On n’est pas fou quand on critique un système, quel qu’il soit, mais quand on commet un geste dément, au nom de ses convictions. C’est la dérive terroriste du fanatisme qui est en cause. Il y a, ensuite, la volonté de diabolisation. C’est la tentation politique de renvoyer Anders Behring Breivik à Hitler, au racisme nazi. Cela permet, par amalgame et à travers lui, de tenter de diaboliser des mouvements populistes qui montent en Europe. C’est ce qui est en train d être fait et, sans doute, cela sera, un temps, efficace. L’humiliation mère des terrorismes Mais ces traitements du drame norvégien refusent toute véritable analyse critique ; c’est là une erreur. Le système refuse de se remettre en cause et d’accepter d’être source de l’humiliation qui peut, dans certains cas, déboucher sur des actions criminelles.  On aurait tort de ne pas faire pour ce terrorisme de « loup solitaire » une analyse sérieuse, comme on l’a fait, très justement, pour le terrorisme palestinien, puis islamique. Ces deux terrorismes ont été condamnés et combattus. Mais on a essayé des les comprendre, comme en d’autre temps aussi pour le terrorisme gauchiste en Allemagne ou en Italie.  Terrorisme palestinien puis islamique sont les fruits de l’humiliation arabe vis avis de l’occupation juive de la Palestine, puis du retour, en terre d’Islam, des « croisés », sous prétexte de guerre du Golfe. Ils s’inscrivent dans l’humiliation de colonisations de formes différentes et d’occupations humiliantes pour l’identité arabo-musulmane.  Il faut comprendre pour combattre. Or, pour le terrorisme d’extrême-droite à la norvégienne, il y a un autisme idéologique qui empêche, semble-t-il, toute analyse du même type. Si le passage à l’acte est un geste de fou, le discours du terroriste est, largement et de plus en plus, répercuté sur internet. Reflétant une humiliation de certains européens de « souche », comme disent les médias, donc blancs. Cette humiliation passe par la conviction d’être trahie par des dirigeants qui, issus d’une démocratie dépravée, veulent, par intérêt mondialiste, établir une société pluriethnique et transformer, à jamais, l’identité historique de pays européens. C’est le choc de deux constatations : «nous ne sommes plus chez nous et nous voulons rester ce que nous sommes ». Comprendre n’est pas justifier et analyser n’est pas excuser Les Anders Behring Breivik sont de plus en plus nombreux. Et s’ils ne passent pas à l’acte, ils n’hésitent plus à s’exprimer sur la toile, contournant les lois nationales d’interdiction d’opinions qualifiées de délits. Il peut y avoir des réseaux, des connections et, sur le modèle d’Al Qaïda, des nébuleuses insaisissables et incontrôlables en formation. On ne résoudra pas le problème en le recouvrant du manteau de la folie, dans une danse de diabolisation ou par un habillage juridique rétablissant, rétroactivement, la peine de mort ou assimilant son crime de masse à un « crime contre l’humanité ». Le tueur fou de Norvège n’avait qu’un but : faire école et donner envie aux loups solitaires, comme lui, de se réunir en meute. Les loups ne sont, certes, pas entrés dans Oslo, mais le hurlement doit être entendu.  Ce n’est pas justifier que de tenter de comprendre. Ce n’est pas excuser que d’analyser. Ce serait une erreur de ne pas tenter d’aller aux sources sociales et radicales de la folie d’un homme. http://metamag.fr/metamag-341-Norvege---la-diabolisation-n%E2%80%99est-pas-une-reponse-Les-dangers-d%E2%80%99un-autisme-mediatico%E2%80%93politique.html