La Fondation ICO exhibe jusqu’au 11 septembre l’exposition collective “Le pouvoir du doute” qui est composée d’installations photographiques qui ont été créé exclusivement pour l’exposition.
Le Musée Collections ICO, qui s’intéresse à l’art contemporain et spécialement à la photographie et à l’architecture, a monté cette exposition pour montrer une nouvelle avant-garde globale, différente de celle qui surgie pendant la Guerre Froide, mais qui de la même façon cherche à défier le pouvoir dominant en remettant en question la confiance dans le système et “sa vérité” imposée. C’est pourquoi son cri de rébellion est : Le pouvoir du doute.
Dans cette exposition dirigée par Hou Hanru, nous trouvons des installations, des œuvres en deux dimensions et sur plusieurs supports. Celles-ci furent spécialement créés pour questionner les mécanismes préconçus de regarder, documenter et communiquer la réalité.
Les œuvres oscillent entre les mondes fictifs et les réalités crus. Ce sont des points de vue extrêmes, qui n’ont pas d’assemblages intermédiaires, mais qui représentent une génération qui a perdu toute certitude.
Les artistes invités proviennent de zones qui ont soufferts de profondes transformations sociales et politiques, comme l’Europe de l’Est et la Chine. Dans les deux cas les changements ont été liés au passage du socialisme réel au capitalisme sauvage, entrainant des changements dramatiques qui affectent de façon profonde les vies quotidiennes, détruisant les vérités imposées par le pouvoir depuis presque un siècle.
Il y a aussi des artistes provenant du Sud-ouest Asiatique et d’Afrique, zone affectée par les conflits géopolitiques dérivés du colonialisme et post-colonialisme, qui transformèrent de façon dramatique les cultures et les réalités de ces deux continents.
Dans les deux cas, les sociétés ont été obligées d’accepter la culture globalisée, où les signifiants sur la paix, la beauté, le bonheur et la famille sont transformés pour être modelés suivant la domination du marché. La question est comment des communautés qui ont vue tomber de façon dramatique leur façon de vivre et aujourd’hui doivent s’émanciper d’un capitalisme global, font pour construire des nouveau paradigmes d’émancipations.
Dans chaque œuvre, les artistes utilisent leur travail pour canaliser les voix, les désirs collectifs de leurs sociétés et mettre l’emphase sur le doute, tout comme le firent au siècle dernier beaucoup d’artistes qui défièrent le pouvoir et les injustices.
Entre ces artistes il y a Hamra Abbas, créatrice d’une riche œuvre conceptuelle très complète qui va de la sculpture jusqu’à la peinture. Son œuvre est délicate, détailliste, presque parfaite et elle est profondément liée à la culture pakistanaise et aux avatars politiques qui vivent dans cette zone convulsive.
Un autre artiste très intéressant est le roumain Dan Perjovschi, dont la marque est la simplicité du tracé et la complexité des concepts. Son travail profondément politique exprime la confusion de la société roumaine suite à la chute du socialisme et à l’imposition du capitalisme à outrance. Perjovschi est radical dans sa proposition artistique, qui se promène au travers de la mémoire comme des vignettes de bandes dessinés.
Les autres artistes qui participent sont : Adel Abdessemed, Du Zhenjun, Shaun Gladwell, Jiang Zhi, Pak Sheung Chuen, Shahzia Sikander, Dimitar Solakov, Tsang Kin-Wah, Dinh Q. Lê, entre autres.
Pour plus d’information http://www.fundacionico.es/index.php?id=28
Nancy Guzman