Je viens de terminer "Everyman" de Philip Roth. Ce n'est pas la lecture la plus délassante qu'on puisse imaginer - il est question de vieillissement, de solitude et de mort -, mais c'est un livre magnifique, à la fois terriblement lucide et plein de tendresse et de magnaminité. L'auteur médite sur la disparition et la fin de toutes choses, sur la décrépitude du corps, la peur du vide, la vanité de toute entreprise. Il nous raconte comment un être humain fort, vigoureux, féru de la vie et de l'amour, se retrouve seul et livré aux bistouris dans les dernières années de son existence. Le héros est un homme ordinaire, il n'a rien de vraiment spécial et ce qui lui arrive est relativement banal. Il a vécu, a connu des bonheurs et des malheurs, a travaillé, s'est marié et a divorcé, a eu des enfants, a eu des amis, a voyagé, a pris sa retraite, a eu des problèmes de santé, a plongé dans la solitude, s'est consolé en faisant de la peinture, est mort à 71 ans, lors d'une intervention chirurgicale.
Il n'y a que des choses relativement simples dans ce court récit de Roth, et pourtant il parvient à nous émouvoir et à nous prendre à la gorge. Parce que c'est écrit avec génie et sensibilité.