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La bataille de San Sebastian

Par Tepepa

La bataille de San Sebastian

1968

Henri Verneuil

Avec : Anthony Quinn, Charles Bronson

Un bon souvenir franco-italo-mexicain d’enfance de plus. Ennio Morricone se plagie lui-même, mais qui lui en voudra ? Le générique fait des arrêts sur images foudroyants sur sur des soldats virevoltants dans la mort, en pleine poursuite. Déjà, rien que ça, que demander de plus? Anthony Quinn trouve refuge dans une église, et elle est belle cette église scotchée à ses fondamentaux, l’église des gens d’en bas, la vraie église pauvre, humble et mythique des origines, qui prend la défense du peuple face au pouvoir des politiques, des armes et du grand clergé corrompu et déconnecté du monde. Henri Verneuil flatte les croyants là où ça fait du bien, tout en ne manquant pas de résumer la grande marche politique de la civilisation dans la bouche de Teclo : d’abord une maison, puis deux, puis vient une église, et après elle des soldats, et au bout du compte ils appellent ces terres les leurs et en refoulent les indiens. Le traitement de la religion à l’écran est rarement athée, toujours au mieux consensuel. Si Verneuil démonte la bêtise des miracles, si son héros n’est pas converti à la fin du film et si le réalisateur met l’emphase sur l’action plutôt que sur les pleurnicheries des prières (comme ce bien bon prêtre dans l’Aventure du Poséidon) il accrédite tout de même la force de la foi, il donne corps à une église bonne et soucieuse d’autrui, déconnecté du politique, alors que tout le monde sait que cette église là n’a jamais, ou trop rarement existé. Mais passons.

Verneuil se fait plaisir, et il nous fait plaisir. Il a du pognon (plein de figurants, des explosions, des armes, des décors), il a une excellente histoire (même si elle lorgne du coté des Sept) et il a des stars internationales, Anthony Quinn d’abord, impeccable en bandit au grand cœur, et Charles Bronson ensuite, trop rare (il n’a guère le temps de jouer avec son arc) mais également intéressant par sa révolte de métis éclairé. Et puis Verneuil a la chance d’avoir Morricone qui lui signe une excellente partition qui comme le dit Giré, rajoute du lyrisme à l’affaire. Verneuil est un des réalisateurs avec qui Morricone a bien fonctionné: plusieurs de leurs films (I comme Icare, Le Clan des Siciliens) acquièrent cette consonance particulière où musique et images se complètent et se transcendent. Et si Verneuil ne fait pas atterrir un avion sur une autoroute cette fois-ci, il nous offre une splendide bataille, très bien rythmée et qui n’a pas vieilli d’un poil. On apprécie certains plans, comme ce barrage s’écroulant, cadré entre deux arbres (bien que la surimpression soit devenue trop visible à nos yeux numériques du vingt et unième siècle), ou ces péons qui referment les portes en feu comme un tombé de rideau sur la fameuse bataille. On regrettera juste alors le manque de spécificité du produit, ni latin, ni américain, ni même français. Un pur produit international, sans identité derrière, mais avec tout de même une humanité, un premier degré et un refus de la sophistication qui font parfois défaut aujourd’hui. Mais tout cela reste à voir malgré tout, et cela me donne envie de revoir I comme Icare et Le Clan des Siciliens.

Image: USMC sur Western Movies


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