La campagne présidentielle fait peser une sérieuse menace sur les chiffres. François Fillon a donné le ton, samedi 28 mai. S’adressant au conseil national de l’UMP, réuni à Paris, il n’a pas hésité à tricher avec les dernières prévisions de l’OCDE, afin d’embellir la croissance économique française prévue pour 2011.
« L’OCDE, affirma-t-il, vient de faire pour la France une prévision à 2,2% ; c’est plus du double de la croissance des Etats-Unis ; c’est plus du double de la croissance de la Grande Bretagne ; c’est beaucoup plus que la croissance de la zone euro en moyenne. »
Le Premier ministre aurait pu se contenter de souligner que l’OCDE, dans les « Perspectives économiques » publiées le 25 mai, se montrait plus optimiste que le gouvernement français, qui, le 20 août dernier, a ramené sa prévision de croissance pour 2011 de 2,5% à 2%.
Mais pourquoi ajouter ces galéjades, que dément un simple coup d’œil sur le site Internet de l’OCDE ? Pourquoi se référer aux Etats-Unis, dont la croissance, selon l’OCDE, serait non pas moitié moindre, mais au contraire nettement plus vive que la croissance française : 2,6% contre 2,2% en 2011, puis 3.1% contre 2,1% en 2012 ?
Même la comparaison avec le Royaume Uni ne tient pas. 2,2% (la croissance française), ce n’est pas « plus du double » de 1,4% (la croissance britannique). Quant à la Zone euro, elle est promise à un taux de croissance de 2%. La France ne fera donc pas « beaucoup plus » qu’elle.
Cet argumentaire de François Fillon invite à méditer sur le passage précédent de son discours :
« Cette crise économique que nous avons surmontée, a permis de révéler le sang froid, la volonté, la réactivité, la crédibilité du Président de la République et du gouvernement (…). Je vous le dis, la crédibilité de Nicolas Sarkozy dans la gestion de la crise (…), elle pèsera lourd dans le choix des Français. »
Plus de deux fois plus lourd, probablement.
Par Jean François Couvrat pour son blog « DéCHIFFRAGES »
Merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré