Prescrit contre les fausses couches il y a plus de trente ans, la justice a reconnu la responsabilité du Distilbène pour des handicaps survenus à la troisième génération.
Qu'est ce que le Distilbène?
Le Distilbène est le nom commercial d'une molécule, le Diéthylstiboestrol. Cet oestrogène de synthèse a été prescrit aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches, les risques de prématurité et traiter les hémorragies entre 1950 et 1977. On s'est aperçu tardivement que cette molécule avait des effets secondaires sur les foetus, notamment sur leur appareil reproducteur. Il a provoqué chez les enfants des femmes ayant été traitées au Distilbène, des cancers du vagin, fausses couches, grossesses extra-utérines, malformations de l'utérus, infertilité..
Ce sont les filles qui ont été le plus touchées par ces malformations puisqu'on recense environ 80 000 "filles distilbène". La molécule a entraîné chez les petites filles exposées in utero des difficultés à plusieurs niveaux : un utérus mal formé ou trop petit, un col manquant de tonicité ou une altération des trompes de Fallope ce qui rend compliqué une envisageable grossesse.
De 150 000 à 200 000 femmes auraient pris du Distilbène en France, avant son interdiction en 1977. Entre 100 000 et 160 000 enfants seraient nés de mères exposées, la majorité dans les années 1970. Le fabricant du Distilbène, UCB Pharma, a décidé de rendre publique sa contre-indication aux femmes enceintes en France en 1977, soit 6 ans après son interdiction aux Etats-Unis.
La troisième génération du Distilbène
Un jeune homme de 21 ans, Louis, handicapé à 80%, fils d'une " fille Distilbène" et petit-fils d'une femme ayant prit la molécule en 1958, a obtenu gain de cause et la reconnaissance d'un lien entre son handicap et la prise de ce médicament. La cour d'appel de Versailles à considéré que " que l'exposition au Distilbène de la mère est responsable de l'accouchement très prématuré qui, lui-même, explique de façon directe le handicap majeur dont souffre Louis."
Le laboratoire UCB Pharma devra verser, tous préjudices confondus, environ 1,7 million d'euros au jeune homme ainsi qu'à sa famille. En 2009, en première instance, le tribunal de Nanterre avait octroyé quelque 2 millions d'euros à la famille.
C'est la première fois que la cour de cassation statue sur un cas de troisième génération alors que 150 dossiers ont été déboutés pour faute de manque de preuve écrite de la prise du médicament. Pourtant en avril, une équipe de chercheurs français a publié les résultats d'une étude démontrant l'effet transgénérationnel des effets nocifs du Distilbène.
Cette affaire n'est pas sans rappeler celle concernant le Médiator, médicament reconnu comme dangereux mais qui à continué à être écoulé alors que les Etats-Unis avait stopper la commercialisation dès 1971.
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