Après quelques mauvais films chroniqués, il est temps de revenir à des productions plus sympathiques et surtout moins soporifiques. Si l’on parcourt les critiques cinés diffusées çà et là, Juno est vendu comme le nouveau « Little Miss Sunshine ». Titre un peu abscond… Pourquoi pas un Little Miss Sunshine 2 : elle revient et elle danse encore plus mal, pendant qu’on y est ? En même temps il est vrai que Juno joue sur le même terrain : petite production, casting bien choisi, situations drolatiques à partir de quotidien parfois triste ou drôle, même légèreté générale… Et même coup de cœur ?
Juno – seize ans et enceinte jusqu’au cou
Juno raconte donc une tranche de vie d’une adolescente, enceinte avant l’heure après avoir couché avec un copain d’un soir. Après avoir fait accepter les faits à sa famille, elle décide de faire adopter son futur rejeton par un couple aisé essayant tenté en vain d’enfanté. La personnalité et le franc parler de Juno risquent cependant de causer pas mal de remises en question dans son entourage.
On le voit, le sujet du film est finalement très simple, pouvant presque tenir sur un ticket de métro. Mais son intérêt n’est pas là. Juno s’intéresse surtout à ses personnages, à leurs réactions face à la situation, et surtout à leur évolution au rythme des quatre saisons que dure le film. Le potentiel dramatique du sujet n’est finalement même pas effleuré. Jason Reitman (fils de, et réalisateur du déjà très sympa Thank You For Smoking) refusant de tomber dans le pathos… et tant mieux.
La grande force du film réside, outre sa très bonne interprétation, dans le scénario particulièrement inspiré qui rend comique des situations finalement banales. Le personnage de Juno se pose alors en déclencheur, qui part sa répartie ou ses attaques va faire sortir le meilleur ou le pire des gens.
C’est également avant tout un film où les protagonistes se battent contre les clichés. Que ce soit pour éviter de passer pour une trainée auprès de ses camarades de classe, de paraître heureux marié alors qu’on ne s’aime plus depuis pas mal de temps, de s’enfermer dans un rôle alors qu’on aspire à un peu plus de liberté. Autant de thématiques qui font de Juno un réservoir à bonne humeur.
Le film pourrait être moraliste, il n’essaie même pas. Il se contente de décrire des personnages profondément humains. Ellen Page explose totalement à l’écran dans ce rôle. Pourtant sa prestation discrète dans X-Men, et beaucoup plus tordue, et déjà imposante, dans Hard Candy nous avait mis la puce à l’oreille. Dans le rôle du papa dépassé/incompétent, Michael Cera, déjà héros de Supergrave que j’avais chroniqué le mois dernier. Dans les seconds rôles, pas mal de tête connues comme Jennifer Garner (pour une fois potable dans un rôle) ou J.K.Simmons surtout connu pour être le patron de Peter Parker dans Spiderman.
Scénario léger malgré le sujet traité, personnages attachants, situations arrachant énormément des sourires… j’ai passé un très bon moment. Même si Juno est finalement bien différent de Little Miss Sunshine, il peut clairement concourir au titre du petit film indépendant de l’année. Et pourquoi pas un prix d’interprétation pour Ellen Page ?