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J’aime regarder les filles

Par Tedsifflera3fois

Comment s’intéresser autant à ses problèmes de coeur et aux enjeux politiques de son temps, surtout quand on a 18 ans? C’est la question posée par ce petit film sympathique. Dommage que la politique peine à exister derrière une romance omniprésente. Les impulsions des personnages sont néanmoins saisies dans un vrai souffle romanesque qui emporte souvent le morceau.

Synopsis : 9 mai 1981. Primo, fils de petits commerçants, et Gabrielle, fille de grands bourgeois parisiens, se rencontrent. Primo, plein d’audace, se fait alors passer pour un gosse de riche…

J'aime regarder les filles - critique
J’aime regarder les filles est un drôle de petit film, plaisant mais finalement pas très ambitieux. Pourtant, Frédéric Louf fait des choix forts : il place son histoire dans une réalité historique très symbolique, lors de la première élection de François Mitterrand en 1981. L’occasion pour lui de confronter des jeunesses bien différentes. D’un côté les fils à papa, sûrs d’eux et du pouvoir de l’argent, mais aussi effrayés par l’accession des « rouges » au gouvernement. De l’autre, la jeunesse qui galère, qui cherche des petits boulots ingrats pour pouvoir s’acheter des chaussures sans trou, impressionner les filles et, s’il reste quelque chose, payer son loyer.

Primo vient de la classe moyenne, il galère pour avoir son bac. Sa rencontre imprévue avec Gabrielle, une fille de la bourgeoisie parisienne de qui il tombe instantanément fou amoureux, le pousse à essayer de passer pour celui qu’il n’est pas, à changer de milieu social. En contrepoint, il devient ami avec Malik, un jeune sans le sou issu de l’immigration. Entre ces deux pôles politiques très définis, Primo est plutôt indifférent : mollement de gauche, il est plus intéressé par ses problèmes personnels que par la politique française, alors même qu’il peut voter pour la première fois à une élection qui va changer la face de la France.

Mais J’aime regarder les filles, malgré son contexte politique fort, n’arrive pas à être un film politique. La faute à un personnage principal qui a bien du mal à prendre conscience de l’importance de sa voix et de ses opinions. Intéressé seulement par ses amours, Primo paraît inconscient et souvent égoïste. Ce ne sont pas les bêtises qu’il est prêt à faire par amour qui gênent vraiment (au contraire, on comprend parfaitement ce qu’il ressent), mais plutôt son total désintérêt pour tout le reste, et notamment pour ce contexte politique que le réalisateur ne cesse pourtant de mettre en avant.

Quant aux histoires d’amour, bien traitées, très crédibles et vraiment attachantes, on regrette qu’elles se terminent dans un grand élan de romantisme mal contrôlé. Frédéric Louf a voulu donner corps à ses fantasmes de jeune adulte : il fait rencontrer à Primo, son alter ego, la fille parfaite, romantique, intelligente, drôle, un peu décalée, progressiste malgré sa fortune, compréhensive, belle, dotée même du père parfait. C’est un peu trop d’idéal pour que le film garde sa crédibilité.

J’aime regarder les filles pouvait être un film ancré dans le réel, entre amour et politique. Mais il passe à côté de la politique et transforme l’amour en conte de fée. Dommage car Frédéric Louf aura réussi à saisir magnifiquement les impulsions des personnages. C’est dans ces moments de courses poursuites, de bagarres, de joutes verbales, de sauts par la fenêtre, de confrontations que le film est particulièrement juste. Les élans du coeur et les humeurs incontrôlées (entre amis, entre père et fils, entre concurrents) font toute la valeur de ce premier film sympathique. L’échec à montrer les choix de raison et l’engagement ne lui permettent pas d’atteindre les hauteurs espérées.

Note : 5/10

J’aime regarder les filles
Un film de Frédéric Louf avec Pierre Niney, Audrey Bastien, Lou de Laâge et Ali Marhyar
Romance, Comédie dramatique – France – 1h32 – Sorti le 20 juillet 2011


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