Pourtant, lors de la réunion, tous les orateurs ont insisté sur l'urgence de l'aide massive à apporter. Bruno Le Maire, ministre français de l'agriculture, a souligné l'importance d'une action rapide : "Notre réunion ici est une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de personnes". La tragédie qui se déroule dans la Corne de l'Afrique a même été qualifié de "spectacle insupportable pour n'importe quelle conscience humaine" par ce dernier. Josette Sheeran, la responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) a quant à elle attiré l'attention sur les "femmes qui doivent abandonner sur le chemin de l'exil l'enfant le plus faible pour sauver le plus fort".
La situation la plus préoccupante est celle de la Somalie où la sécheresse et la guerre civile ont poussé des milliers de personnes à l'exil. Dans les deux provinces du Sud contrôlées par les insurgés islamistes et où l'état de famine a été décrété, l'accès aux organisations humanitaires reste pour l'heure très difficile. Les victimes somaliennes affluent alors dans les pays voisins touchés eux aussi par le même désastre climatique, ce qui créé des tensions avec les populations locales.
" La population de Somalie est désespérée. Je lance un appel afin que vous puissiez aider la Somalie à ouvrir des couloirs humanitaires pour le transport de l'aide alimentaire ", a déclaré le vice-premier ministre somalien Mohammed Ibrahim.
Mais les discours alarmistes n'ont pas suffi à ce que des actions concrètes émanent de cette entrevue. "Cette réunion est un coup d'épée dans l'eau, c'est très décevant", déplore Guillaume Grosso, directeur pour la France de l'ONG One, créée par le chanteur Bono pour combattre la pauvreté.
La réunion de Rome a été aussi l'occasion pour les responsables de l'aide mondiale de reconnaître leurs erreurs : "Il manque une volonté politique", a condamné la directrice de l'ONG britannique Oxfam, Barbara Stocking, jugant " honteux que seules quelques-unes des économies les plus riches et les plus puissantes aient été disposées à montrer leur engagement pour sauver les vies des plus pauvres et des plus vulnérables en Afrique de l'Est ".
Les 12 millions de personnes victimes de la sécheresse devront donc attendre le dénouement de la conférence des pays donateurs qui a lieu ce mercredi à Nairobi, la capitale du Kenya, pour connaître l'ampleur de l'aide internationale qui leur sera octroyée. Les donateurs sauront-ils donner tort à Barbara Stocking? On l'espère.