Des agrocarburants plus polluants que les fossiles ?

Publié le 27 juillet 2011 par Lenergiedavancer @Fil_energie

C’est un rapport qui devrait faire du bruit. Greenpeace publie une enquête polémique sur le bilan carbone et le bien-fondé des agrocarburants. Ceux-ci pourraient être plus polluants que les carburants fossiles.

L’ONG a analysé 92 échantillons de biodiesel, recueillis dans les stations essence de neuf pays européens (Autriche, Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et la Suède). Ces biodiesels seraient fabriqués  »presque exclusivement à partir d’huile de palme, de colza et de soja » note Greenpeace.

La France est l’un des plus mauvais élèves, puisque son biodiesel est composé à environ 30% d’huiles de soja et de palme importés d’Amérique du Sud et non  »uniquement produits par des agriculteurs français », ce qui contribue à la déforestation de la région et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES).

En effet, il faut prendre en compte les déplacements de cultures ou « changements d’affectation des sols » : les agrocarburants monopolisent des espaces alloués auparavant à d’autres cultures, qui sont donc elles-mêmes déplacées, souvent sur des espaces naturels tels que les forêts. La déforestation étant responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, les filières biodiesel européennes sont donc plus néfastes pour le climat que les filières diesel fossile.

Or, le gouvernement français a prévu d’augmenter de 30% l’utilisation de biodiesel d’ici 2020.

D’après le Plan d’action national (PAN) 2009-2020 pour les énergies renouvelables, la France table sur un objectif de 4.062 ktep d’EnR dans les transports d’ici 2020, dont 2.850 ktep de biodiesel et 650 ktep de bioéthanol/bio-ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther). La France devrait importer 400 ktep de biodiesel et 50 ktep de bioethanol en 2020.

Comme l’explique Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace, « le gouvernement impose l’incorporation de 7% d’agrocarburant dans le diesel français et dans l’essence. Les automobilistes n’en savent rien et c’est le contribuable qui subventionne très largement une filière qui n’est pas économiquement viable. »

Les agrocarburants pourraient donc fortement être une fausse bonne idée pour l’après-pétrole.