Des soucis financiers contraignent Diderot (1713-1784), le célèbre philosophe et encyclopédiste, à se séparer de sa bibliothèque. Catherine II, Impératrice de Russie, l'acquiert et l'invite à Saint Pétersbourg. Le philosophe y séjournera 5 mois, d'octobre 1773 à mars 1774.
De la correspondance qu'ils échangent durant cette période, Gérald Stehr tirera matière à une lecture à deux voix, en une adaptation libre dont la création eut lieu, à Grignan, le samedi 9 juillet, à l'occasion du Festival de la Correspondance. Jean-Pierre Malo interprétait un Diderot, philosophiquement débraillé, dans toute la pertinence de son ..impertinence, Christiane Cohendy, une très crédible Catherine II. En filigranes, la figure de Potemkine, ministre et amant de l'impératrice.
"Diderot et Catherine II se sont certainement beaucoup plus appréciés dans un moment d'oubli de ce qu'ils étaient vraiment."
Le philosophe pourra-t-il convaincre la despote - éclairée - des méfaits de son absolutisme?
"Il n'y a rien de si dangereux, qu'un despote juste, ferme et éclairé!"
La correspondance cède rapidement la place à la conversation qui, sous l'habilité des propos, prend un surprenant tour de sincérité.
" Monsieur Diderot, j'ai entendu avec le plus grand plaisir tout ce que votre brillant esprit vous a inspiré mais, avec tous vos grands principes que je comprends très bien, on ferait de beaux livres et de mauvaise besogne."
"Je me souviens d'avoir dit à Votre Majesté que j'avais l'âme d'un esclave dans le pays de ceux qu'on appelle libres, et que j'avais l'âme d'un homme libre dans le pays de ceux qu'on appelle des esclaves."
Diderot en Russie, Adaptation libre de la correspondance de Diderot et de Catherine II, Gérald Stehr, Triartis, Scènes Intempestives à Grignan, juin 2011, 64 pp, 10 €