« Les yeux de Lira » est un titre qui ne représente pas fidèlement le livre.
Ce livre de la candidate verte aux présidentielles Eva Joly et de la journaliste Judith Perrignon raconte les enjeux financiers, politiques et écologiques d’une affaire de trafic financier, entrelacés dans un labyrinthe souterrain international.
Ce roman nous présente un mélange de politiques compromis, d’avocats véreux, de banquiers braconniers…
Au Nigeria, Nwanko doit s’exiler pour avoir entrevu de trop prés les détournements financiers d’ambassadeurs et d’hommes politiques hauts placés…
La journaliste russe Lira part à Londres pour enquêter sur un homme d’affaire un peu trop enrichi.
A Nice, la femme d’un riche banquier des îles Feroé est retrouvée noyée …c’est Félix, greffier de la cour de justice, qui va risquer sa vie en s’intéressant de trop prés à cette affaire.
Tous trois vont unir leurs informations, de trois continents, trois univers bien différents, ayant pourtant en commun ce thème universel aux hommes: l’amour de l’argent et du pouvoir.
L’enquête est prenante, on sent que les deux romancières n’ont pas découvert hier ce monde corrompu, où les plus grandes figures politiques côtoient les plus vils mafieux (une des scènes majeures se déroule dans le château de Versaille!!). On pressent bien ce « monde derrière le monde », où les enjeux politico-financiers ne sont pas ceux que l’on peut voir, et où finalement la justice ne protège plus personne.
En ce sens ce livre est réussi; sérieux, efficace, il décrit un monde cruel et sans pitié, où l’argent fait la loi.
C’est du côté des personnages que le bât blesse. Les gentils sont très gentils, Lira, dont les yeux sont brûlés à l’acide par des mafieux russes sur sa piste, est le modèle de la femme forte, stoïque à l’extrème, tout en restant mère et féminine. Nwanko, l’africain intègre, prés à tout pour venger son ami assassiné. Et enfin Felix, l’homosexuel qui connaît du monde, amical et solide…
Et les méchants sont…très méchants….ça massacre du dauphin, ça mange du caviar et assassine à tour de bras.
Le monde semble plus que jamais divisé en deux catégories.
Mais le livre se lit tout seul, l’enquête captive, et nous rappelle que nous ne connaîtrons sans doute jamais la partie immergé de l’iceberg….
Emma Breton