Si le roman est un produit ou non de l’invention de l’imprimante paraît être l’un des principaux débats littéraires du moment. Il s’agit naturellement d’une polémique surgie du Nouveau Monde des technologies de l’information, mais en aucun cas nouvelle. Walter Benjamin signalait déjà que le roman n’était qu’un moment de l’activité de la narration. La narration serait la véritable constante de l’espèce humaine de tous les temps immémoriaux et le roman, transitoire, seulement l’une des multiples formes qu’elle adopte. La question est de déterminer si cette forme concrète de narration que nous appelons romans, et qui n’a pas arrêté de se transformer, au travers des siècles, est liée indissolublementà l’imprimante, et dans ce cas il est raisonnable de postuler qu’Internet provoquera une mutation forcée de la manière de la narration et donnera lieu, il paraît que c’est déjà en train d’arriver, a de nouveau genre.
Néanmoins, la question n’est pas si simple, car depuis plus d’un point de vue il semble simpliste d’associer le roman à la diffusion dont la fiction littéraire profite depuis l’invention de Gutenberg. On pourrait affirmer par exemple, sans sortir de la tradition occidentale, que pour découvrir les histoires d’amours grecques et byzantines, où les livres roumains comme l’âne d’or d’Apuleyo, il n’y a pas de meilleurs termes que le roman, malgré qu’ils soient séparés de Milan de l’invention de l’imprimerie.
Précisément, à la fin de l’ère Gutenberg, et avec la fin possible du roman, c’est l’un des thèmes qui abordent avec une ironie suprême, intelligence et habileté narrative Dublinesca le dernier roman de Vila-Matas, dans laquelle un retraité qui se considère le dernier éditeur littéraire décide, motivé par un étrange rêve prémonitoire, de voyager à Berlin pour célébrer le jour de Bloomsday (le 16 juin, date où se passe Ulysse Joyce, qui pour la critique et l’un des derniers grands romans )un personnalisme funéraire pour De l’imprimante.
Dublinesca suppose aussi le retour de Vila-Matas à Seix-Barral, une éditoriale Barcelonaiseindispensable dans la vie culturelle espagnole des dernières cette décade, qui cette année célèbre son premier centenaire en pariant fortement sur l’air digital sans renoncer pour cela à continuer de produire des livres imprimés.
Bien que l’écrivain espagnol Francisco Umbral (prix Cervantès et prix Príncipe Asturias de las Letras) n’a cessé de dénigrer cette éditoriale, en faisant même courir le bruit qu’elle aurait refusé 100 ans de solitude dans les années 60 pour ne pas l’avoir trouvé suffisamment bonne, mais il est certain que c’est grâce à Seix Barral que l’on doit la publication et la diffusion en Espagne d’auteurs aussi importants que Musil, Jung, Gombrowicz, Pavese, Henry Miller, Juan Goytisolo, Marsé, Caballero Bonald, Martín Santos, Octavio Paz, Mendoza, Mishima, Wilde, Roland Barthes, Pessoa, Virginia Woolf, et García Márquezlui-même ainsi que Roberto Bolaño, entre autres.