Sunil Gawde, Virtually Untouchable - III, 2007 - Lames de rasoir, câbles en acier, roses artificielles, chaise en bois. Réinterprétation des colliers de fleur offertes pendant les fêtes hindoues peuvant devenir véhicules de mort (cf. attentat du 1er ministre indien Rajiv Ganhi en 199). Courtesy de l'ariste.
J'ai vraiment l'impression de faire des infidélités à Strasbourg depuis quelques posts mais je ne peux résister à l'envie de vous parler de l'exposition « Paris-Delhi-Bombay... » qui a lieu en ce moment au Centre Pompidou à Paris ! J'y suis allée sur les conseils de Christelle (dont vous avez peut-être déjà lu des articles dans ce blog !) et comment vous dire à quel point elle a eu raison de m'inciter à la visiter...
Alain Declercq, Borders/ Pakistan, 2010 - Cliché photographique d'un poste de frontière entre l'Inde et le Pakistan reproduit à l'aide de 12500 impacts de balles sur des panneaux de mélaminé noir.. Courtesy de l'artiste.
En gros, pour résumer, « Paris-Delhi-Bombay... » est un projet un peu fou qui essaie d'intéresser la France et les français à la culture hindoue. Cette expo a été l'occasion pour des artistes de ces deux pays de se rencontrer, se découvrir et créer des œuvres autour de l'Inde et ce qu'elle est aujourd'hui.
Cette exposition est avant tout intelligente et je n'emploie pas ce mot à la légère ! Les créations qui y sont présentées traitent aussi bien des problèmes familiaux, sociaux, politiques, religieux, identitaires, etc. Autant les artistes indiens que les artistes français, chacun d'entre eux se sont livrés à une étude de cette société indienne sous ses différents aspects et il en ressort des œuvres pertinentes, diversifiées qui invitent à la réflexion. L'exposition est construite autour d'un espace central circulaire qui donne des indications très sérieuses sur l'Inde (il en faut aussi !). Ce cœur socio-ethno-historico-bidule pourrait sembler indigeste, mais ce n'est pas le cas et il permet d'avoir une base pour comprendre ce qui va nous être donné à voir. Ensuite, la scénographie et les œuvres s'éclatent autour, dans tous les sens du terme !
Hema Upadhyay, Think Left, Think Right, Think Low, Think Tight, 2010. Couloir. Vue verticale du bidonville Dharavi situé à Bombay et dans lequel une véritable cité s'est organisée: rues, commerces, électricité, lieux de culte, etc. Courtesy de l'artiste.Comme dans tout voyage, il est bon de prendre son temps pour visiter « Paris-Delhi-Bombay... », il y a tant à découvrir et à penser ! Je n’ai pas la prétention de dire « je connais l’Inde », je ne vois pas comment on peut la connaître si on ne l’a pas expérimentée et étudiée mais j’avais quelques idées quant à son fonctionnement, ses croyances, etc. et j’y ai retrouvé diverses problématiques que j’avais pu rencontrer. Qu’elles aient été créées pour cet événement ou précédemment, les œuvres de cette expo sont avant toute chose engagées. Les différents aspects de l’Inde y sont analysés, développés et critiqués : la guerre avec le Pakistan, les attentats, la position de la femme, l’homophobie qui règne en Inde, la pauvreté et les disparités de caste, les religions, le puritanisme ambiant, que ce soit par les artistes indiens qui ont l’envie de faire évoluer leur pays et qu’il se modernise que par les artistes français qui ont été invités à participer à l’aventure de cette exposition.
Thurkral & Tagra, Kingdom Come I (Couple), 2011. Acrylique et huile sur toile tendue sur mousse. 188 x 130 x 9 cm. Courtesy des artistes et Nature Morte, New Delhi
Il y a tellement de façon de s’engager pour ses idées, ses envies, ses convictions, ses passions, ses amours même, pour un pays, une identité, des particularités, un peuple, quelqu’un, que peut-être ne faut-il pas hésiter à être dans la controverse ou la révolte et cela par le médium convenant à chacun. Ici il s'agit d'art, d'un art qui se veut pourfendeur d'idées et d'habitudes de vie, qui se veut l'instigateur d'un renouveau et d'une évolution des mentalités... à nous de réfléchir et d'en tirer des leçons afin que l'engagement de ces artistes ne soit que la première vague d'une compréhension et d'une mutation de la société indienne.
Philippe Ramette, L'installation (place publique d'intérieur), 2011. Sculpture en bronze. Courtesy Galerie Xippas, Paris.
Je crois que je pourrai vous parler encore longtemps de « Paris-Delhi-Bombay... », vous décrire les œuvres de Ravinder Reddy, Alain Declerc, Sunil Gawde, Jitish Kallat, Hema Upadhyay, Pierre & Gilles, Anita Dube ou encore Philippe Ramette, Atul Dodiya, Thukral & Tagra, Sunil Gupta et bien d'autres encore que j'ai aimées mais à quoi bon, il faut aller les voir, se laisser surprendre, réfléchir et peut-être se dire que certaines des dénonciations que l'on trouve dans ces œuvres peuvent aussi s'appliquer chez nous...
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« Paris-Delhi-Bombay... » exposition au Centre Pompidou du 25 mai au 19 septembre 2011 / tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h / nocturnes tous les jeudis jusqu'à 23h / http://www.centrepompidou.fr/