Je suis admiratif du peuple syrien qui se soulève tous les jours et particulièrement les vendredis pour défier le pouvoir en place. Combien de morts déjà, suite à la répression sanglante du pouvoir, personne ne le sait vraiment, mais des estimations dépassant les mille morts sont avancées parfois.
Ce « peuple soumis », comme certains l’appelaient, fait une révolte, qui débouchera peut être sur une révolution. Il veut faire tomber la dictature qui l’empêche de vivre dignement. Il cherche une autre voie, au prix de morts et de blessés. De sacrifices donc.
Pourquoi j’ai choisi ce titre ? Parce que je crois que nous ne mesurons pas dans nos contrées riches ce que nécessite une révolte comme celle des syriens. J’entends trop souvent de gentil-le-s indigné-e-s (mot à la mode dont tout le monde se réclame ou presque) dire « ils sont indigné-e-s et se battent ». Et bien non, cher-e ami-e d’un monde que tu diriges par ton mode de vie (tout comme moi au passage), ils ne sont pas « indigné-e-s ». Ils sont révoltés, en colère, dans la rage. L’indignation est un faible mot pour qualifier ce qu’ils vivent, ressentent et font. Je ne prétends pas comprendre ce qu’ils vivent, mais je me dis que des personnes qui descendent dans la rue par millions alors qu’ils risquent leur vie ont sûrement dépassé depuis longtemps la simple indignation. Celle-ci ne peut être le moteur.
Alors, par décence, j’aimerais réellement que les mouvements « pacifistes » (muent par l’indignation) actuels cessent de reprendre à leur compte les révoltes et révolutions mais s’en inspirent plutôt. Qu’il faut comprendre qu’au-delà de l’indignation doit se trouver la révolte, celle qui donne envie de changer les choses, de faire la révolution. Que la révolte n’est pas la violence mais avant tout l’obstination de voir naître ce qui est un rêve. Comprendre que quand on dérange l’état / la nomenklatura / le régime c’est la force que l’on nous oppose. Que le courage n’est pas dans les flashmob et autres, mais bien dans l’opposition frontale (ce qui ne veut pas dire que les actions autres ne servent à rien, mais qu’il faut relativiser la prise de risque).
Le peuple syrien, dans l’indifférence quasi générale se bat pour sa propre émancipation. Si, au lieu de nous approprier des révoltes qui ne sont pas les nôtres, nous étions des portes voix de ces dernières, nous aurions fait un grand pas. Et pourquoi ne pas aller devant les ambassades et consulats quand il y a un appel à manifestation sur place ?
L’abolition du capitalisme et la transformation de la société ne peut se faire que par une harmonisation de la lutte entre tous, et une généralisation de l’espoir. Il est temps de faire converger tout cela, plutôt que de regarder de loin en attendant qu’ils nous rejoignent en s’étant battus seuls.
C’est par le soutien de l’élan révolutionnaire partout dans le monde mais aussi par la proposition de changements radicaux et libertaires de notre société que nous avancerons.