Un sens à notre vie, un sens à notre histoire

Par Alaindependant

 

Nous vivons dans une histoire sans finalité, où le marché n'est plus un lieu d'échange entre les productions et les services des hommes, mais une jungle où s'affrontent les volontés de puissance, de jouissance et de croissance des individus, des Etats, et de monopoles géants.
  La logique du marché va à l'encontre de la logique de la vie:
- Ce qui est hors du marché n'existe pas. Par exemple ceux qui n'ont même pas le privilège d'être exploités: chômeurs, exclus, ou sous-développés condamnés par la faim.
- Ceux qui refusent de s'inscrire dans le marché, en refusant, par exemple, les diktats du FMI, doivent disparaître: de la Yougoslavie à l'Iran, du Nicaragua au Chiapas.
  A l'aube du capitalisme le philosophe anglais Hobbes répétait déjà: "L"homme est un loup pour l'homme."
  Dans la deuxième moitié du XXe siècle, sous le nom de "mondialisation", le monothéisme du marché a étendu à l'échelle de la planète cette possibilité pour les plus forts de dévorer les plus faibles sous le nom de "liberté du marché".
  Ainsi sont mutilées les trois dimensions de l'homme:
- celle de son appartenance à la nature,
- celle de l'unité de la communauté humaine,
- celles que les religions appelaient divines et les sagesses sans Dieu Unité et Totalité.
  Quelle mutation globale peut inverser cette dérive ?
  Une révolution a plus besoin de transcendance que de déterminisme.
  La naissance et la mort, au XXe siècle, d'une grande espérance et de son implosion, ont tragiquement illustré cette loi: le déterminisme historique ne peut fonder qu'un conservatisme radical car, si le présent découle inéluctablement du passé et l'avenir du présent, l'initiative humaine n'a plus aucune place et, ainsi, la recherche des finalités devient illusoire.

Roger Garaudy, Le XXIe siècle. Suicide planétaire ou résurrection ?, L'Harmattan, 2000, p 18