Droits de L1 : A qui gagne perd ?

Publié le 18 février 2008 par La Sms

La décision est tombée : le championnat de france de L1 sera sur Canal+ et sur Orange. Exit France Télévisions et TF1 ; porte fermée pour M6 et la TNT ; aucun accès pour Daily Motion.

Après les innombrables déclarations visant à dévaluer la valeur du football français, Canal+ va maintenant s'atteler à nous le vendre. A nous les téléspectateurs. Comme nous l'avions imaginé, ce produit si mauvais qui est surcôté va soudainement prendre une considérable valeur, méritant largement que nous payons l'abonnement à la chaîne cryptée ! Ce championnat est d'ailleurs tellement exceptionnel que le fan de ballon rond doit maintenant ajouter à son abonnement C+, un autre chez Orange, cet opérateur qui affirmait ne pas être intéressé par la L1. A l'heure du bilan de cet appel d'offres, une évidence s'impose : le grand perdant est le fan de football. Pour regarder une seule image du championnat de football français, il doit obligatoirement payer. Cette aberration pourrait néanmoins s'assouplir puisqu'un projet de réforme permettrait aux journaux télévisés de rallonger leurs résumés des résultats, jusqu'ici limités à 1min30 pour atteindre ... 5min ! Ouf, le fan est sauvé : sur les 10 matchs de 90 minutes chacun, il pourra visionner un résumé de 5 min de la journée de championnat. Autant dire qu'il a tout intérêt à s'entraîner à visionner des épreuves de 100m d'athlétisme pour pouvoir accroître sa capacité à repérer les buteurs, leurs équipes et les scores dans ce sprint de 5min. 
    Qu'il se rassure, contrairement aux apparences, le téléspectateur n'est probablement pas le seul perdant. Fort de son excellente année sans droit de la L1, TF1 ne semble pas faire partie de cette liste. L'expérience lui a démontrée qu'elle n'a nul besoin de ces images pour réaliser de bonnes audiences avec Téléfoot. En revanche, M6 et France Télévisions sont passés à côtés. Pour légitimer leurs positionnements sur le football et attirer les annonceurs friands des audiences du football, ces images n'auraient pas été un luxe inutile. Ceci étant, vu les résultats de France2Foot, c'est peut être un mal pour un bien pour la chaîne publique.    
Le football peut-il s'estimer heureux de la somme récoltée ? D'une certaine manière, la Ligue Football Professionnelle a réussi à augmenter ses revenus de quelques milions d'euros. On serait tenter de répondre alors "Oui". Néanmoins, nous sommes loin des 750M€ attendus par le président de l'OL, Jean-Michel Aulas, membre de la LFP. Nous sommes aussi loin des revenus du championnat anglais, supérieur à 800M€ par an*. En prolongeant le contrat d'une année supplémentaire, la LFP s'est assurée ce revenu sur une période longue. C'est une garantie, qui a aussi peut être contribué certains opérateurs à entrer en jeux dès maintenant, plutôt que dans trois ans. Mais c'est aussi une opportunité d'augmenter ce chiffre qui est repoussée d'une année. Compte tenu des développements importants que connaît le paysage médiatique actuellement, c'est une stratégie de sécurité compréhensible mais discutable. En revanche, le championnat va perdre en visibilité puisque seules des chaînes payantes le diffuseront auprès d'une audience naturellement moins importante que sur des chaînes hertziennes. Cela pourrait alors avoir une influence direct sur les contrats de sponsoring des clubs avec les marques, de facto moins exposées qu'à ce jour.  
  Finalement, le grand gagnant pourrait bien être Canal+. En payant près de 200M€ en moins, la chaîne payante s'adjuge l'essentiel des droits. Si elle a perdu une exclusivité quasiment inévitable, elle a remporté les meilleurs produits en effectuant une impressionnante économie. Et à y regarder de plus près, ce qui revient à Orange ne semble pas être en mesure de faire de l'ombre à Canal+. En d'autres termes, les abonnés ne devraient pas partir chez Orange pour un seul et unique match par journée de championnat alors que C+ détiendra tout le reste. Cette dernière devrait même continuer à recruter les nouveaux fans de football... en dépit de la soi-disante piètre qualité de ce qui est désormais LEUR produit !    


*Source : Wikipédia