Critique film : A Single Man, réalisé par Tom Ford, avec Colin Firth, Julianne Moore, Nicholas Hoult, Matthew Goode… sortie cinéma 02/2010
A Single Man raconte une journée particulière dans la vie du professeur George Falconer, désespéré depuis la mort de Jim, l’homme de sa vie. Une journée qu’il envisage comme la dernière tant la solitude le pèse. Adapté du roman du britannique Christopher Isherwood, il s’agit du premier long-métrage de l’américain Tom Ford, couturier très renommé et influent. Loin d’être un caprice de star, A Single Man est une merveille. C’est un film intimiste reposant avant tout sur son personnage principal, incarné avec excellence par l’incontournable Colin Firth, récompensé à la Mostra de Venise 2009 par le prix d’interprétation masculine. La scène dans laquelle son personnage apprend le décès de son amant et la magnifique scène finale m’ont complètement bouleversée. La justesse du jeu est incroyable. Cet acteur est capable de transmettre beaucoup d’émotions avec peu de mots, comme il le prouvera encore par la suite dans le brillant film de Tom Hooper : Le Discours d’un Roi.
A Single Man m’impressionne aussi par la richesse étudiée de chaque plan. On reconnaît à Tom Ford (et à son équipe, incluant Arianne Phillips, la créatrice des costumes) son sens du détail dans la reconstitution de l’ambiance des 60′s extrêmement soignée (décors, costumes, langage…), mais aussi son ingéniosité dans les jeux de lumière et de couleurs qui évoluent en fonction de l’état d’esprit du personnage. Malgré une apparente sobriété, certaines scènes mériteraient plusieurs visionnages pour saisir tout ce que le réalisateur voudrait transmettre.
Si le film commence en évoquant la mort d’un personnage, si ce personnage plane sur tout le film comme une présence spectrale, ne vous y trompez pas. C’est avant tout de la Vie dont il est question, et des petites choses qui font qu’elle vaut la peine d’être vécue. C’est dans le portrait d’un être défait et mélancolique, confronté aux hasards qui bouleversent une existence, que l’on trouve des raisons d’espérer, de croire, de s’accrocher. Ainsi, la froideur du début fait place à une chaleur troublante, et l’émotion, si elle se perd parfois dans une ambition esthétique affichée, est bel et bien présente.
8,5/10