Lutte contre le paludisme: Les moustiques dans les filets du gouvernement

Publié le 26 juillet 2011 par 237online @237online

Écrit par 237online.com   


La campagne de distribution des moustiquaires que vient de lancer le gouvernement est une action forte pour l’éradication du paludisme au Cameroun. C’est l’analyse du Dr Martial Fomen, médecin.

La nouvelle campagne de distribution de masse des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda) que vient de lancer le gouvernement, sur hautes instructions du chef de l’Etat, concerne l’ensemble du territoire national. « Une moustiquaire pour chaque lit »  pourrait en être le slogan. Il s’est

agit pour le gouvernement camerounais qui s’est résolument engagé depuis toujours dans la lutte contre les maladies endémiques, de l’urgence des besoins et soucieux de la santé de ses populations, de disséminer au terme d’une vaste opération de distribution gratuite, à peu près une dizaine de millions de ces moustiquaires imprégnées, généreuse manne, véritable prévention et potentielle protection contre les infections dues au redoutable protozoaire responsable du paludisme, l’une des maladies les plus redoutables qui minent l’Afrique, avant le sida, première cause de mortalité dans le berceau de l’humanité, et qui est à l’origine de nombreuses incapacités privant le pays de ses ressources humaines, garants de la stabilité sociale et de la croissance économique. Cette campagne de distribution des moustiquaires à tous les camerounais est d’autant plus importante qu’une nation ne peut aspirer au développement véritable que si elle dispose d’une population forte, valide et saine qui devra être répartie dans tous les secteurs d’activités. Les répercussions au demeurant néfastes au niveau de son développement découlant d’une morbidité de la population qui aurait dû être active si elle n’avait pas été malade, seront incommensurables. Au Cameroun, pays essentiellement agricole, et aux nombreux projets structurants, une maladie telle que le paludisme peut être incapacitante pour l’agriculteur et affecter durablement et considérablement sa production, et partant l’économie du pays. Quid du fonctionnaire dont la santé altérée peut rompre la chaine administrative ? De l’étudiant, ou de l’élève qui va manquer ou bâcler son instruction ou son éducation ?  Ou pour la même cause, de l’opérateur économique dont les activités vont être mises en berne parfois durablement et avec pour conséquences le ralentissement de l’économie nationale ? Le paludisme constitue 26% des causes d’absentéisme au travail et 40% des dépenses domestiques qui en découlent. Comme on le voit, il ne saurait avoir croissance ou émergence économique sans santé durable. Conscient de cet état de choses, et profondément soucieux de la santé de ses populations, le gouvernement camerounais s’est engagé avec ferveur dans la lutte contre ce fléau endémique, le paludisme,  qui a reçu  des populations à travers le temps, et suivant le degré de sa gravité des noms de baptême tels que « marteau » « Balassi » … devenu itinérant, problème majeur de santé publique et véritable préoccupation des pouvoirs publics. Certes il existe des antipaludéens en nombre incalculable dont les prises sont parfois contraignantes et précautionneuses. Pourquoi en en arriver à leur administration si on peut prévenir la maladie qui présente parfois des visages insoupçonnés et pernicieux ? La seule prévention efficace de l’heure semble être la moustiquaire imprégnée, couplée aux mesures d’hygiène et de salubrité pour faire reculer considérablement cette maladie. Telle est manifestement la vision du gouvernement camerounais qui depuis quelques années déjà, et davantage en celle-ci, s’est engagé aux côtés du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et des autres partenaires internationaux, à lutter contre le paludisme en organisant des campagnes de distribution de masse des moustiquaires imprégnées à travers le territoire national, afin que « Roll back malaria » ne soit pas qu’un slogan mais une effectivité , car c’est une réalité, le paludisme tue. Aussi sûrement que le sida, mais beaucoup plus massivement.

Cette campagne de distribution massive des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action visant la couverture universelle du Cameroun en 2011 est effective. D’ici quelques mois le taux de couverture du paludisme dépassera les 33% actuels pour plafonner à 80% initialement fixés par le Programme national. Les stratégies à adopter au cours de cette campagne pour leur distribution ont longtemps été arrêtées. Le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) sera appuyé par des partenaires dans le suivi du chronogramme y afférent et son exécution dans le temps. Le Cameroun a bénéficié d’un soutien de 8.654.731 moustiquaires du Fonds mondial (Rd9) de lutte contre le sida, la tuberculose, et le paludisme, pour 4.330.384 foyers et pour une moyenne de 4 ,5 individus par foyer sur une population estimée à 19.910.659 habitants. Cela peut paraître insuffisant, mais la réalité est différente. Selon des rapports des missions effectuées sur le territoire national en 2010,  4 districts de santé avaient déjà partiellement reçu leur dotation. De fait, leurs populations ne seront pas prises en compte dans le calcul d’affectation actuel de ces moustiquaires. En 2011, l’ensemble de la population bénéficiaire de cette distribution sera donc légèrement inférieure à l’ensemble de la population nationale. Les besoins du Cameroun en moustiquaires imprégnées de longue durée pour cette année sont estimés à 11.443.950. Par foyer, 2 moustiquaires seront attribuées sur tout le territoire national qui compte 10 régions sanitaires, 179 districts de santé, 1713 aires de santé pour ces 8.654.731 moustiquaires.

Lueurs et espoirs.

Dans de nombreux districts et des aires de santé à travers ces 10 régions sanitaires que compte le Cameroun, des statistiques révèlent que le paludisme constitue la première cause de consultation. Le paludisme c’est 38% des consultations médicales. Il est également la première cause de décès dont le pourcentage oscille autour de 30 à 40%. C’est dire si le paludisme doit faire partie des préoccupations majeures et urgentes du gouvernement, qui en matière de politique sanitaire a décidé de répondre aux immenses besoins de sa population. Se joignant récemment à la Communauté internationale, le Cameroun a célébré la 4ème Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Lors du lancement officiel dans la partie septentrionale du pays de cette campagne gratuite de distribution des moustiquaires à l’échelle nationale, le gouvernement avait promis de pourvoir aux besoins en moustiquaires imprégnées de l’ensemble des populations camerounaises. C’est aujourd’hui chose palpable, dont la distribution se fait progressivement à travers le territoire. Cette campagne de distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda) constitue une avancée conséquente du Cameroun engagé résolument dans la lutte contre le paludisme, véritable problème de santé publique. Cette lutte constitue un des défis majeurs de l’Etat dans la réalisation de son slogan : « Santé pour tous en l’an 2000 », inscrit en droite ligne dans l’atteinte d’un des objectifs du millénaire pour le développement et qui achoppe sur le combat mené contre les maladies endémiques. Placé sous le thème « Faire des progrès et avoir un impact » le gouvernement a saisi l’occasion de la célébration de cette journée mondiale pour se féliciter du recul de la maladie dont la prévalence a été fortement réduite. Les taux de mortalité (rapport de morts sur l’effectif de la population  d’un lieu à un moment donné, nombre de morts dus à une même cause)  et de morbidité (nombre de cas de maladie sur une population et une période données) liées au paludisme ont considérablement chuté. D’après des données chiffrées contenues dans le rapport épidémiologique du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), la mortalité liée au paludisme est passée de 43% en 2008 à 24% en 2010. La morbidité est passée de 41% en 2008 ; 38,3% en 2009 à 35,8% en 2010. Des chiffres qui expriment à suffisance des espoirs dans l’éradication progressive mais bientôt quasiment définitive de cette maladie. Tout ceci devra passer par une politique efficiente et efficace menée par le Programme national de lutte contre le paludisme qui a enfourché le cheval de la prévention et la prise en charge du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Depuis quelque temps en effet le traitement du « paludisme simple » est gratuit pour les enfants de cette tranche d’âge. Cette mesure hautement salutaire, et à maints égards salutaire et humanitaire prise en 2010 par les pouvoirs publics, avait été prise auparavant en 2006 pour la femme enceinte, concernant le traitement du « paludisme intermittent » et avait bénéficié en 2010 de la sollicitude du Pnlp qui lors des campagnes de masse lui a offert à titre gracieux des médicaments. Le Programme ne s’est pas limité à cela. Il a été procédé à l’aspersion des domiciles avec des substances insecticides contre les vecteurs de cette redoutable maladie, parfois tueuse silencieuse. De plus, au sein des formations sanitaires, les personnes malades du paludisme ont été prises en charge de manière satisfaisante. Le Cameroun bénéficie de la sollicitude en matière de coopération de certains partenaires internationaux, et surtout du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui a permis de traiter 66% des cas de paludisme simple en 2010 dans les formations sanitaires. Le gouvernement à travers sa politique sanitaire et avec cette campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées, tenu par un immense défi, a pour but visé de faire reculer le paludisme et entend mettre un accent particulier sur la poursuite de la prise en charge des enfants de moins de 5 ans lesquels constituent le groupe le plus vulnérable dont le taux de morbidité stagne à un peu plus de 50%. En 2010, ils représentaient 68% des cas de décès dus au paludisme. Ce taux de mortalité infantile des suites de paludisme a baissé de 29% en 2009 à 24% en 2010.

Des avancées notoires sont observées résultant de cette campagne nationale de lutte contre le paludisme qui reste une des priorités du gouvernement. A mi-parcours de cette lutte, des chiffres achèvent de rassurer les populations sur l’abnégation de la politique gouvernementale en la matière. Depuis lors, l’Etat s’est appesanti sur les domaines de la prévention et la prise en charge des cas de paludisme. D’ici à août prochain, une grande campagne nationale de distribution de moustiquaires imprégnées va être lancée et qui va bénéficier aux populations. Bientôt et à ce rythme de distribution et de sollicitude  des pouvoirs publics, il ne sera pas impossible que chaque individu possède sa propre moustiquaire. Cette campagne de distribution à grande échelle des moustiquaires imprégnées à longue durée, au total 8,7 millions, qui a débuté, va  s’ébranler durant la deuxième quinzaine du mois d’août prochain et va pouvoir couvrir les besoins des populations en matière de protection et de prévention du paludisme.

Une moustiquaire n’est véritablement efficace et utile que si elle est imprégnée d’une substance répulsive et qui a une action insecticide quand les moustiques s’en approchent. La nouvelle campagne concerne la distribution des moustiquaires dites à longue durée d’action (milda) qui résistantes, elles ont un délai de protection plus étendu  avec une durée de vie de 3 à 5 ans. Le pourcentage de mortalité dû à cette maladie ne peut connaître une baisse que grâce à ces campagnes itératives de distribution de masse de moustiquaires à longue durée organisées sous l’égide des pouvoirs publics. En renforçant ces campagnes par celles de la sensibilisation et de l’éducation sur l’utilisation de ces moustiquaires au sein de chaque ménage, on pourrait obtenir des résultats encourageants et évoluer vers le recul total de cette maladie d’ici à quelques années. Ceci passe inéluctablement par des comportements responsables entre autres, n’utiliser ces moustiquaires que pour l’usage qui leur est destiné, et les utiliser effectivement. Le volume de la distribution et les quantités devront être associés à la bonne répartition dans les ménages de celles-ci afin que tout le monde soit protégé contre cette dangereuse maladie.

Alerte et Prévention.

La moustiquaire est un dispositif de protection en forme de rideau, de mousseline ou de gaze destiné à la protection contre les moustiques et autres insectes ailés. La piqûre d’un moustique peut causer le paludisme. Cette maladie parasitaire et infectieuse (qui provoque une multiplication d’agents pathogènes) et qui se caractérise par de forts accès de fièvre récurrents affecte l’homme, les animaux et les oiseaux, est due à un parasite appelé plasmodium. Le plasmodium est un protozoaire parasite des mammifères et qui existe en 4 espèces pathogènes pour l’homme et responsables d’autant de formes de paludisme. Il s’agit du plasmodium Vivax, le plus répandu, présent dans le monde entier, qui sévit dans le bassin méditerranéen. Il est responsable des formes bénignes du paludisme et n’entraine que très rarement des complications. Plus rare, responsable de la « fièvre quarte » le plasmodium Malariae se rencontre principalement en Afrique tropicale. Le plasmodium Ovale est l’espèce la plus rare de toutes. On la trouve en Afrique centrale et occidentale, responsable des formes bénignes du paludisme. Beaucoup plus dangereux est le plasmodium Falciparum qui provoque les formes les plus graves du paludisme, les accès pernicieux et le neuropaludisme transmis par l’anophèle femelle. Cet insecte diptère existe en 600 espèces et vit dans les régions chaudes et tempérées. 70 espèces de  femelles peuvent transmettre le paludisme. La durée de vie d’une femelle peut atteindre 2 semaines à 1 mois en fonction des conditions climatiques. Elle pond une fois tous les 2 à 3 jours de 30 à 150 œufs. Mais avant chaque ponte, elle doit se nourrir de sang humain ou non en piquant la nuit, du crépuscule à l’aube. Principal vecteur du paludisme en Afrique, l’espèce anophèles gambiae est très résistant aux insecticides. Selon une classification, il existe 3 zones (A-B-C) où sévit à des proportions diverses le plasmodium falciparum. La zone A concerne les pays où le risque d’infection est faible et saisonnier, et où le plasmodium falciparum est absent ou sensible aux antipaludéens. En zone B, les plasmodiums vivax et falciparum sont sensibles à la chloroquine. Le risque d’infection est faible. Cependant qu’en zone C, le plasmodium falciparum est résistant à la chloroquine et à d’autres molécules antipaludéennes. Le Cameroun se situe à la fois en zone de paludisme endémique et en celle résistant à la chloroquine.. La gravité du paludisme dépend du type de plasmodium incriminé, de la quantité de parasites dans le sang, de l’âge du sujet et de son degré d’immunisation. Dans tous les cas le paludisme reste potentiellement dangereux, et mortel. Le paludisme est très sévère chez les enfants d’un âge compris entre 3 et 4 ans. La lutte contre les moustiques passe par des comportements citoyens et responsables à partir d’une hygiène stricte, notamment aux alentours des habitations, à la destruction des eaux stagnantes. Si les causes sont identifiées et détruites, il sera tout aussi aisé d’en endiguer les conséquences qui se déclinent en trois articulations qui se complètent. La lutte contre le paludisme achoppe sur le traitement de la maladie, la prévention et la protection contre les vecteurs de cette maladie. Le traitement préventif vise à empêcher le développement de la maladie en cas d’infection. Mais il n’empêche pas l’infection en cas de cas de piqûre par un moustique porteur. La chimio prophylaxie est souvent inefficace. La quinine reste la molécule la plus utilisée dans le traitement curatif du paludisme et constitue un médicament d’urgence. Cependant il est parfois contre-indiqué en cas de troubles digestifs ou de grossesse. Il est donc indispensable de se protéger des piqûres des moustiques par l’utilisation des moustiquaires en l’absence des vêtements couvrants ou de substances répulsives ou insecticides.

La santé n’ayant pas de prix, il faut cependant se donner les moyens de la préserver. Sa recherche est parfois un long et fastidieux processus. Avec cette campagne nationale de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées et à longue durée d’action, le gouvernement a fait un peu plus de  la moitié du parcours dans ce combat qui se veut rude contre le paludisme. Achevons le reste. Prévenir valant plus souvent mieux que guérir.

Coorespondance particulière pour 237online.com

Dr Martial Fomen, médecin.