Cher Monsieur Chaignaud,
J'ai déjà eu l'honneur de vous rencontrer à deux reprises : une fois aux Subsistances, à Lyon, en tête-à-tête, pour Aussi bien que ton coeur, ouvre moi tes genoux, et une deuxième fois au Festival d'Avignon, de manière plus... collective et partagée, dans le spectacle de Boris Charmatz Flip Book. Je vous ai rencontré par procuration, je dois l'avouer, mais non sans un plaisir singulier et juvénile.
Vous aviez, depuis, une place particulière sur la liste des artistes dont je suis tombée amoureuse après les avoir admirés sur scène.
J'utilise le passé car samedi dernier vous m'avez déçue.
Réjouie de ce troisième rendez-vous, j'avais misé sur vous tout mes espoirs d'amatrice et curieuse de danse et de nouveautés spectaculaires, et vous faisais une confiance aveugle.Malheureusement, pas de frisson en ce frais samedi de juillet. Serait-ce déjà fini entre nous ?
Peut-être suis-je exigeante, mais je pars généralement du principe qu'un spectacle, quel qu'il soit, doit me parler, m'apporter quelque chose, me raconter une (des) histoire(s), me procurer des émotions, m'interroger...
Mais Danses libres ne m'a pas atteinte. Pas une seule seconde. Même votre présence ne m'a pas réconfortée. Au contraire.
L'incompréhension a empêché tout laisser-aller dans mon expérience de spectatrice. Comment s'emparer d'une esthétique, d'un enseignement, aussi simples soient-ils, sans explication claire ? Comment donner à voir une technique sans la partager, sans permettre à l'autre de l'expérimenter ?
A vivre, la méthode de Malkovsky doit être enrichissante et libératrice, à regarder, elle est lointaine et égocentrique.
Le public ne peut rien deviner de votre démarche et des raisons de vos choix artistiques.
Où sont votre rigueur, votre technique, votre générosité ?
30 titres, 30 tableaux, 30 clichés, 30 fois les mêmes mouvements.
Répétitions sans émotion, exercices sans style, spectacle sans public.Peut-être vous laisserai-je à nouveau votre chance, après avoir digéré cette déception... mais cette fois les mots doux ne suffiront pas.
Danses Libres, au Festival d'Avignon 2011.
conception Cecilia Bengolea, François Chaignaud
chorégraphie François Malkovsky (1889-1982)
transmission de la chorégraphie Suzanne Bodak
lumière Erik Houllieravec Cecilia Bengolea, Suzanne Bodak, François Chaignaud, Thiago Granato, Lenio Kaklea, Mickaël Phelippeau et au piano Alexandre Bodak