Les extrémistes norvégiens n’ont pas tendance à se rassembler au vu et au su de tous dans des “groupes de droite”. Mais sur internet, ils s’installent dans une sorte de culture underground pleine d’aigreur, écrit Thomas Hylland Eriksen pour The Guardian.
Il indique que « toute personne familière aux eaux troubles de la blogosphère est, depuis des années, au courant de l’existence de cybercoulisses en ébullition, caractérisées par une haine absolue envers la nouvelle Europe, des dénonciations agressives des élites au pouvoir multiculturalistes et corrompues, et des généralisations péjoratives sur les immigrés, ciblant plus particulièrement les Musulmans ». Ainsi…
Breivik a dû volontiers se laisser laver le cerveau par des sites internet d’extrême droite. En revanche, eût-il été forcé de recevoir ses informations via un journal papier, dans lequel toutes les histoires ne traitent pas de la perte de confiance envers l’Europe et la montée des militants islamiques, il est plausible que son monde aurait alors tourné différemment.
Une leçon à éventuellement retenir de ce week-end d’horreur et d’incrédulité est que le pluralisme culturel n’est pas nécessairement une menace à la cohésion nationale, mais que la vision étroite provenant d’une lecture sélective de l’internet l’est.
Cela fait sacrément peur… un monde où les médias traditionnels gardent leur monopole de diffusion d’informations, où les « journalistes citoyens » sont traités comme du bétail et ensuite bannis lorsqu’ils ne suivent pas le chemin dicté. Ceci est la voix d’un nouveau totalitarisme. Et il arrive par votre route.
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Article repris depuis EU Referendum avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Traduction : Hélène Picq