Écrit par Mutations
La plainte contre X initiée par Me Rémi Barousse a été enregistrée le 28 juin 2011, avec constitution de partie civile. Michel Thierry Atangana Abega, coaccusé dans l'affaire Titus Edzoa, a déposé une plainte contre X, avec constitution de partie civile devant le Tribunal de grande instance (Tgi) de Paris pour «séquestration arbitraire». La plainte a été enregistrée le 28 juin 2011 sous les numéros suivants : N° instruction : 20/11/517 et N° du Parquet : P11.179.2303/9, ainsi que l'atteste «le greffier du doyen des juges d'instruction du Tribunal de grande instance de Paris», le Cabinet de Sylvia Zimmermann. Le récépissé de dépôt de ladite plainte, qui a été remis à Me Remi Barousse, conseil de Thierry Atangana Abega le 5 juillet 2011, précise «que la recevabilité de cette plainte sera subordonnée au versement de la consignation fixée en fonction des ressources», et rappelle «que la consignation garantit le paiement de l'amende civile dans le cas où la constitution de partie civile serait, ultérieurement, jugée abusive ou dilatoire».
Cette plainte de Thierry Atangana, Français d'origine camerounaise, intervient au moment où les pressions au sujet de la libération du coaccusé de Titus Edzoa fusent de toutes parts, notamment du côté de la France. Le gouvernement français, en effet, assiste de plus en plus étroitement son ressortissant depuis le 25 mai 2011, date à laquelle le premier conseiller à son ambassade au Cameroun, Patrice Bonnal, a été dépêché au tribunal pour suivre les débats qu'il suit depuis lors, sans discontinuer. Le 15 juin 2011, l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, dans une correspondance adressée au ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, attirait l'attention de ce dernier «sur la situation très préoccupante de Monsieur Michel Thierry Atangana, citoyen français, détenu depuis quatorze ans à Yaoundé, au Cameroun». Il enjoignait, pour ainsi dire, son correspondant à «entreprendre des démarches pour permettre à Monsieur Atangana de recouvrer la liberté».
D'autant que selon l'analyse de cet ex-ministre français, «seul un geste fort des autorités françaises permettrait de mettre fin à ce cauchemar inacceptable au regard des droits de l'Homme». Et de rappeller dans la même correspondance que son compatriote Thierry Atangana a été arrêté le 12 mai 1997 pour «grand banditisme et détournement de deniers publics» et que, sous le paravent de ces chefs d'inculpation, «il lui est en réalité reproché d'avoir été en contact avec un candidat, opposant à Monsieur Paul Biya lors des élections de 1997». Rappelons que Thierry Atangana, Titus Edzoa, Isaac Njiemoun et Dieudonné Mapouna sont, dans le cadre de la nouvelle affaire Titus Edzoa, poursuivis pour coaction de détournement de deniers publics, tentative de détournement, coaction de corruption et trafic d'influence.
Cette nouvelle procédure intervient, faut-il le rappeler, à quelques mois du terme des 15 ans de prison infligés en 1997 à MM. Edzoa et Atangana. Elle s'inscrit en réalité dans le cadre de la fameuse stratégie du «rouleau compresseur» inspirée du tandem Akame Mfoumou - Amadou Ali, respectivement ministre des Finances et Sgpr en 1997, au moment des faits. Stratégie révélée par les non moins fameuses «écoutes téléphoniques». Une stratégie qui vise à maintenir le professeur et son acolyte le plus longtemps possible derrière les barreaux, au moyen de procès à répétition. Nul doute que l'ombre de cette plainte déposée à Paris contre X (l'Etat du Cameroun en réalité) pour «séquestration arbitraire», planera demain mardi 26 juillet à l'occasion de l'ouverture des débats du jour dans la salle des audiences du Tgi du Mfoundi siégeant en matières criminelles.