Dans le Yanji, Gun-nam un chauffeur de taxi qui croule sous les dettes joue au mah-jong pour les éponger. Il a emprunté de l’argent à des malfrats pour acheter le visa de sa femme partie pour la Corée du Sud. Il est depuis sans nouvelle d’elle. Myun, le chef de la pègre locale lui propose d’effacer sa dette en assassinant un homme qui vit en Corée du Sud. Gun-nam accepte le contrat avec l’espoir de retrouver sa femme…
The Murderer commence dans le Yanji, ce début de film est d’un aspect quasi documentaire, Na Hong-jin nous montre une région aux immeubles vétustes et sinistres. Il y a une misère palpable qui rappelle les vies désenchantées de La Rivière Tumen de Zhang Lu. On y découvre des réfugiés nord-coréens tentant de survivre dans cette région chinoise. Très vite le film de Na Hong-jin prend une dimension social et politique dont le personnage de Gun-nam se fait écho. Il traduit tout le désespoir d’une situation par son seul faciès. L’auteur sud-coréen n’oublie pas de parler des différentes communautés qui font cette société, et du racisme qui en découle, noircissant un peu plus le tableau avec des images métaphoriques sur la conditions des ces hommes et femmes - voir le marché des chiens, une vision brutale et sombre de ces existences friables. Fuir cet enfer devient alors un leitmotiv pour ses habitants, Gun-nam s’endette pour payer le visa de sa femme. Il y a un peu de Boat People de Ann Hui dans The Murderer. Pour rembourser cette dette, il va entreprendre la traversée dangereuse par la mer vers la Corée du Sud. Ce plan de nuit, sur l’embarcation de fortune de Gun-nam qui regarde la ville lumineuse est frappant. Les immeubles décrépis de Yanji font place aux lumières d’un Séoul qui scintille de mille feux. On pense au film de Johnny Mak, Long Arm of the Law avec la ville de Hong Kong de nuit qui déchire l’obscurité pauvre de la Chine continentale, mais aussi à son passage de frontière brutale que vivent les protagonistes. Ici, Gun-nam est seul. Seul face à une ville inconnue et bientôt seul contre tous.
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