Des mines de l'époque du roi Salomon
Des mines de cuivre situées dans l’actuelle Jordanie et datant de l’âge du fer ont peut-être fourni au
roi Salomon le métal nécessaire à ses ambitieuses constructions, selon une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans les PNAS.
Sur le site de Khirbet en-Nahas, dans le district jordanien de Fainan, d’anciennes mines de cuivre sont explorées depuis longtemps par les archéologues, notamment par l’Américain Thomas Levy et
le Jordanien Mohammad Najjar. Ces chercheurs affirment désormais que les activités minières avaient commencé plus tôt qu’on ne pensait, dès le 10ème siècle avant JC (BCE).
Les fouilles menées depuis quatre ans par Levy (University of California San Diego) ont permis d’extraire du site des échantillons de charbon de bois sous six mètres de déchets issus de
l’exploitation du site, à la limite du sol vierge. Les datations menées à l’Université d’Oxford indiquent que l’activité minière a commencé il y a 3.000 ans.
L’âge des mines de Khirbet en-Nahas a fait l’objet de controverses, d’autant plus que dans les années 30 les artisans de l’archéologie biblique cherchaient avant tout à fait correspondre les
trouvailles archéologiques au récit biblique. C’est ainsi que l’archéologue américain Nelson Glueck a popularisé les ‘’mines de Salomon’’, qu’il pensait avoir découvertes à Khirbet en-Nahas,
alors même que la Bible ne dit pas grand chose de ces mines.
Dans les années 80, d’autres travaux ont conclu que le travail du métal n’avait pas commencé avant le 7ème siècle BCE à Khirbet en-Nahas.
La nouvelle datation fait finalement correspondre l’activité minière à la période supposée du règne du roi David et de son fils Salomon. Etaient-ils pour autant les ‘’exploitants’’ des mines de
cuivre de Khirbet en-Nahas ? Ou bien étaient-ce les dirigeants des Edomites, peuple de la vallée biblique d’Edom où se situe ces mines ? Thomas Levy poursuit ses recherches pour éclaircir ces
questions.
Les archéologues ont par ailleurs découvert dans les anciennes mines de cuivre des artefacts égyptiens –une amulette et un scarabée- datant du 10ème siècle BCE. Associés à une période où la
production du site est perturbée, ils pourraient témoigner de l’incursion militaire du pharaon Sheshonq Ier à la fin du 10ème siècle.
C.D.
Sciences et Avenir.com
28/10/08
Khirbat en-Nahas
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Black piles of slag define Khirbat en-Nahas in this satellite image.
Built around 3,000 years ago, Khirbat en-Nahas is one of the largest copper mining and smelting sites of the ancient world. It lies in a desert valley between
the Dead Sea and the Gululf of Aqaba, now in Jordan. There is evidence for sophisticated economic and political activity in the valley about 3,000 years ago and archaeologists think it may be the
site of an early organized state.
Archaeologist Thomas Levy of the University of California, San Diego heads a dig at Khirbat en-Nahas that has uncovered an ancient copper mining operation on a scale that he says can only have
been organized by "an ancient state or kingdom."
Khirbet Qeyafa et l'ostracon
....Plus récemment encore, en été 2008, une autre inscription sémitique ancienne a été trouvée à Khirbet Qeiyafa, sur un tesson de poterie. Khirbet Qeiyafa est une ancienne forteresse implantée à
vingt kilomètres à l'ouest de Jérusalem, en bordure de la vallée d'Elah où David aurait affronté le géant Goliath. Fouillée par l'Université hébraïque de Jérusalem sous la conduite du professeur
Yossef Garfinkel, la cité est entourée d'une muraille conséquente : 700 mètres de circonférence, 200 000 tonnes de pierres dont certaines pèsent plus de quatre tonnes ... Le site a été daté au
carbone 14 grâce à des noyaux d'olives, et apparemment il fut occupé au début du Xème siècle, entre 1000 et 975. Le fragment de poterie mesure une quinzaine de centimètres et porte cinq lignes de
texte inscrites à l'encre partiellement effacée. Il s'agit apparemment d'un des plus anciens textes en langue hébraïque jamais trouvés. Le graphisme archaïque remonte au moins au Xème siècle,
voire même avant. Un an et demi après sa découverte, le professeur Gerson Galil de l'Université de Haïfa en a proposé une traduction. Il s'agirait d'une instruction sociale relative aux esclaves,
aux veuves et aux orphelins. L'appartenance à la culture hébraïque est soutenue par des mots spécifiques de l'hébreu comme "faire", "travailler", ou "veuve", qui s'expriment différemment dans les
autres langues locales. La version proposée est pétrie de culture juive, à tel point que l'on croirait avoir affaire à un verset biblique :
"Vous ne devriez pas faire (cela), mais adorer l’ (Eternel).
Jugez l’escla(ve) et la veu(ve) - Jugez l’orphe(lin)
(et) l’étranger. (Pl)aidez pour l’enfant - plaidez pour le pau(vre et)
la veuve. Réhabilitez (le pauvre) aux yeux du roi.
Protégez le pau(vre et) l’esclave - (soute)nez l’étranger."
L'objet étant toujours à l'étude, cette traduction est actuellement débattue du fait qu'elle se fonde sur des reconstitutions supposées des lettres
manquantes. Si elle était confirmée, Khirbet Qeyiafa pourrait être considéré comme un site hébreu, impliquant que ce peuple était installé dans une cité dotée de moyens de défense importants.
Il semble que les révélations ayant trait à ce sujet se fassent de plus en plus fréquentes. Quelques semaines après la découverte de l'ostracon de
Khirbet Qeiyafa en 2008, on découvrit sur le même site une porte de défense percée dans le rempart, indépendamment d'une première porte déjà dégagée [17][18]. La seconde ouverture est une
structure monumentale bâtie sur un plan comportant quatre chambres latérales en "double tenaille", évoquant le style des autres cités fortifiées connues en Israël. Yosef Garfinkel, le directeur
des fouilles, note que Khirbet Qeiyafa est le seul site fortifié de l'âge du fer muni de deux entrées. Cette particularité se retrouve dans le passage biblique du combat singulier entre David et
Goliath, où il est question d'une ville appelée Saraïm, nom qui signifie précisément "deux portes" (1 Sam. 17, 52). Ce rapprochement a conduit Garfinkel à identifier Khirbet Qeiyafa à la ville
biblique de Saraïm.
Si la cité de Khirbet Qeiyafa a bien été aménagée par le peuple d'Israël au Xème siècle, il est fort probable que les autres cités qui lui ressemblent le
soient également. Le doute émis sur leur identité semble se dissiper, et l'on peut dès lors raisonnablement envisager les traces d'un Etat hébreu politiquement fort à cette époque.
Les mines du roi Salomon
D'après l'Ancien Testament, le prestigieux roi Salomon réputé pour sa sagesse mena une politique de construction ambitieuse. Il fit alliance avec le roi phénicien
Hiram de Tyr, qui l'aida à construire le Temple de Jérusalem dédié à Yahvé, dont l'intérieur était "recouvert d'or" (1 R. 6, 20-22). En association avec Hiram, Salomon construisit également une
flotte sur la mer Rouge, à Ezéon-Géber, près d'Elath c'est-à-dire à la pointe du golfe d'Aqaba (1 R. 9, 26).
En 1937 de notre ère, des membres de l'Amercian School of Oriental Research dirigés par Nelson Glück firent des fouilles à Tel el-Kheleifeh, tout près
d'Aqaba, dans la vallée de l'Araba. Ils exhumèrent les vestiges d'un important centre minier d'extraction de cuivre complété par des installations de métallurgie : puits, galeries, scories,
outils, haut-fourneau, maisons d'ouvriers, forteresse [19]. Nelson Glück pensa que ces mines avaient été exploitées au temps de Salomon ; il identifia ce lieu avec l'Ezéon-Géber de la Bible.
L'activité industrielle aurait fourni le métal - non pas de l'or mais du cuivre - nécessaire à ses chantiers navals et à la construction de son Temple.
En Jordanie, un autre site du Wadi Araba, plus au nord en direction de la mer Morte, a été fouillé également par Nelson Glück : Kihrbet en-Nahas. Ce second
complexe minier également riche en cuivre pourrait aussi remonter à cette époque. Dans les années 1980 cependant, des recherches archéologiques faites par une équipe britannique ont conclu que
l'exploitation de ces mines n'était pas antérieure au VIIème siècle av. J.-C., et qu'un éventuel lien avec Salomon serait donc anachronique [20].
L'archéologie est une aventure pleine de rebondissements. En octobre 2005, les chercheurs Thomas Levy et Mohammad Najjar ont annoncé les résultats d'une datation
au carbone 14 qu'ils ont faite pour Kihrbet en-Nahas. La date d'occupation qui en ressort est précisément le Xème siècle. L'exploitation de ces mines correspond donc sans doute à l'époque
présumée de la monarchie hébraïque unifiée [21][22][23].
Il reste encore à préciser l'identité du peuple qui exploitait ces ressources minières. Etait-ce le royaume d'Israël ? Ou bien le royaume d'Edom, un autre candidat
possible dont Khirbet en-Nahas était sur le territoire ? Le royaume d'Edom est également cité dans la Bible, mais son existence à l'âge du fer est elle aussi contestée par les archéologues
"minimalistes". Cependant un autre détail a son importance. Les forteresses des deux sites s'ouvrent chacune par une porte à quatre chambres en "double tenaille", ressemblant à celles présumées
des constructions salomoniques. Quoi qu'il en soit, la datation au radiocarbone a fait revivre une société suffisamment structurée au Xème siècle av. J.-C. pour avoir su produire du métal à
l'échelle industrielle.
Tesson de poterie de l’ostracon de Khirbet Qeyafa, portant le plus ancien
texte hébreu connu à ce jour.
(image : http://www.daylife.com/photo/00Jadj86jA67S)
Le site de Khirbet Qeiyafa, où fut trouvé l'objet.
(image : http://www.unisciences.com/religion/news/
ancien_texte_hebreu.php2.php?id=336&page=2)
Mine de cuivre de Khirbet en-Nahas.
(images : http://www.wadiarabahproject.man.ac.uk)
Mines de cuivre et enceinte
d'une forteresse à Khirbet en-Nahas.
(images : http://www.wadiarabahproject.man.ac.uk)