Je n’avais pas très attirée par les écrits d’Albert Camus. Je m’étais ennuyée en lisant au lycée « La Peste« , sans parler de « La Chute » inscrite à l’épreuve de Lettres au Bac. Et puis, j’ai eu envie de le relire, me disant qu’en grandissant, en ayant évolué, j’y trouverais peut-être plus d’intérêt.
J’ai opté pour « L’Etranger« , son premier roman. On ne peut pas dire que ce livre soit débordant de gaieté. « Ce matin, maman est morte » comme incipit et vlam, ça commence bien!
C’est absolument sublime de froideur, le tout, sous le soleil brûlant d’Alger. C’est absolument dingue le génie de cet homme, sa facilité à retranscrire des sentiments complexes, avec peu de mots et une syntaxe simplissime.
On commence d’abord par détester Meursault, ce monstre d’égoïsme et puis, au fil des pages, en même temps que se déroule l’intrigue, son mutisme s’explique à nous.
Du coup, je continue avec Bébert!
Condamné à mort, Meursault. Sur une plage algérienne, il a tué un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu’il faisait chaud. On n’en tirera rien d’autre. Rien ne le fera plus réagir : ni l’annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mère, ni les paroles du prêtre avant la fin. Comme si, sur cette plage, il avait soudain eu la révélation de l’universelle équivalence du tout et du rien. La conscience de n’être sur la terre qu’en sursis, d’une mort qui, quoi qu’il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre chose qu’indifférent à tout après ça ?
Étranger sur la terre, étranger à lui-même, Meursault le bien nommé pose les questions qui deviendront un leitmotiv dans l’oeuvre de Camus. De La Peste à La Chute, mais aussi dans ses pièces et dans ses essais, celui qui allait devenir Prix Nobel de littérature en 1957 ne cessera de s’interroger sur le sens de l’existence. Sa mort violente en 1960 contribua quelque peu à rendre mythique ce maître à penser de toute une génération.
« Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s’est ouverte, c’est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j’ai eue lorsque j’ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n’ai pas regardé du côté de Marie. Je n’en ai pas eu le temps parce que le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français… »