La famille Savage aurait très bien pu être une pièce de théâtre, cet art qui obnubile tant ce frère et cette sœur. Nombre de décors limité, distribution très réduite (les seconds rôles sont peu nombreux et peu présents), mise en scène minimaliste : ici, c'est principalement le dialogue qui importe, rien que le dialogue. Par miracle, Tamara Jenkins parvient à tourner les choses de façon à ce que l'on ait l'impression de les entendre pour la première fois. Et le pouvoir de conviction de Linney et Hoffman est tel qu'on les écoute volontiers débiter leurs états d'âme et leurs craintes diverses et variées. Un humour salvateur, chichement réparti tout au long du film, vient régulièrement regonfler le moral des troupes. Quelques rires bruyants viendront zébrer cette atmosphère brumeuse.
Avec ses paysages froids et beaux, son absence de surenchère et son simple désir de décrire la vie comme elle est, La famille Savage est un pur produit indépendant, comme Sundance en présente une demi-douzaine chaque année. Celui-ci est particulièrement recommandable, tant il parvient à atteindre une sorte de vérité aussi tétanisante que thérapeutique. Comme un cousin un peu plus indé des films d'Alexander Payne (ici coproducteur), avec le même amour du travail bien fait et le même soin apporté à la direction d'acteurs.
7/10
(également publié sur Écran Large)