A propos de J’aime regarder les filles de Frédéric Louf 3 out of 5 stars
Pierre Niney
Paris, 1981. Mitterrand vient d’être élu président de la République. Primo, un jeune homme de 18 ans, doit repasser son Baccalauréat mais ne rêve que d’amour et de changer de milieu social. Un jour, il parvient à s’introduire dans une soirée, dans un milieu huppé où il rencontre Gabrielle, une fille de son âge dont il tombe immédiatement amoureux. Ayant réussi à se faire passer pour un jeune bourgeois, Primo n’en devient pas moins de plus en plus suspect aux yeux des amis de Gabrielle qui doutent de sa condition. Delphine, une proche de Gabrielle, a deviné la supercherie mais est tombée en même temps amoureuse de Primo (Pierre Niney).
J’aime regarder les filles est un film plaisant à regarder et plutôt maîtrisé dans l’ensemble. Sa réussite, il la doit essentiellement à l’investissement et à la fraicheur de ses jeunes acteurs, Pierre Niney et Ali Marhyar en tête, mais aussi à la construction de son scénario qui épouse les formes d’un triangle amoureux mussetien.
Ali Marhyar, Pierre Niney
Le premier long métrage de Frédéric Louf fait d’ailleurs clairement référence à On ne badine pas avec l’amour. Delphine (Audrey Bastien, touchante), tombée sous le charme du jeune imposteur, a offert symboliquement en cadeau la pièce de Musset à Primo.
Primo, dont les parents sont fleuristes en Indre-et-Loire, « retape son Bac ». Contrairement à son voisin de mansarde Malik (Ali Marhyar) très proche de Mitterrand, Primo n’a pas d’opinion ni d’engagement politiques réels. Ce dont il rêve, en garçon ambitieux et culotté qu’il est, c’est d’ascension sociale et de pouvoir. Mais Primo est aussi un romantique, un personnage du XIXème siècle plein de contradictions et qui oscille entre le Perdican de Musset et le personnage froid, calculateur de Charles Grandet de Balzac.
Audrey Bastien, Pierre Niney
Malik est un personnage beaucoup plus généreux et attachant que Primo. Plus profond aussi, lorsqu’il dit à Primo qu’il devrait avoir honte d’avoir trahi sa propre famille en lui causant des dégâts financiers irréparables (« petit con ingrât ») tout en lui faisant comprendre que Gabrielle est une « BCBG » superficielle.
Cette histoire d’amitié, au cœur du film, est particulièrement touchante, parce que l’on sent une réelle complicité entre Pierre Niney et Ali Marhyar. Quant au triangle amoureux, il laisse sa part de mystère lui aussi et d’ambivalence dans une dernière scène mémorable, bouleversante où Primo, en larmes, déclare sa flamme, à genou littéralement, à Delphine. Sans que l’on puisse être convaincu de son honnêteté ni par ce revirement soudain de sentiments. Cacherait-il encore un intérêt et un fond de rêve d’ascension sociale ? Le film, intelligemment, ne lèvera pas le voile sur la personnalité complexe, ambiguë d’un Primo aux facettes nombreuses et obscures et peu reluisantes. Tantôt cynique, tantôt romantique. Mais au final, impossible à cerner…
www.youtube.com/watch?v=VxrAPlOfYJE
Film français de Frédéric Louf avec Pierre Niney, Audrey Bastien, Lou de Laâge, Ali Marhyar. (1 h 32.)
Scénario : 3 out of 5 stars
Mise en scène : 3 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 3 out of 5 stars