Après les Talking Heads, voici un autre groupe à avoir (le privilège de?) trois disques classés parmi les indispensables de papa : Radiohead, évidemment. Ceux-ci sont malheureusement redescendus de leur piédestal avec leur dernier et décevant "The King Of Limbs". Si ce disque est considéré par certains, après deux albums plus accessibles, comme un salutaire retour à l'expérimentation et à la prise de risques des petits gars d'Oxford, l'inspiration semble pour une fois tourner un peu à vide et les chansons en rond. Ce qui était loin d'être le cas avec "Amnesiac", deuxième volet du virage à 90° effectué par le groupe, suite au succès commercial et critique unanime de "OK Computer". Comme son prédécesseur, cet album ressemble à une sorte fuite en avant. Les anglais ne paraissent plus contrôler tous les effets produits par leur musique et laissent leurs idées vagabondées au fil des morceaux. Au risque de dérouter leurs fans, ils tournent définitivement le dos à la pop et subissent dans le même temps l'influence grandissante de l'électro mais aussi du jazz.
Plus encore que son jumeau "Kid A" sorti l'année d'avant, "Amnesiac" est un disque qui se mérite, mais qui une fois qu'on s'en est imprégné, vous hante et vous transporte littéralement. Il contient notamment quelques unes des plus belles chansons de Radiohead : "You And Whose Army", "Knives Out" ou encore le sublime morceau final "Life In A Glasshouse". La troupe de Thom Yorke n'a alors plus d'équivalent et fait ce que bon lui semble. Coldplay est pourtant arrivé entre temps mais cherche à copier tout en étant bien loin d'égaler la puissance émotionnelle de "The Bends". Trois albums de retard : un gouffre. La différence entre une mode passagère et une oeuvre construite pour durer, entre un aimable groupe pop-rock de bande FM et une formation que même les jazzmen les plus renommés citent et reprennent. Définitivement unique.
Clip de "Pyramid Song" :
Clip de "I Might Be Wrong" :
Clip de "Knives Out" :