Etat chronique de poésie 1278

Publié le 25 juillet 2011 par Xavierlaine081

 

1278

Il n’est plus qu’absolue solitude pour celui ou celle qui s’aventure sur les terres des pensées incertaines, mouvantes, non figées en territoires déjà connus et rabâchés.

Il n’est que conflit assuré, assumé pour demeurer dans l’indépendance totale du verbe et des mouvements qui l’alimentent.

Rien ne peut satisfaire celui ou celle qui ne se revendique pas penseur, mais vivant.

C’est une soif insatiable, constante, que nul ne peut jamais étancher, une faim totale.

Il n’est pas non plus d’alliances possibles, de soutiens avouables à celui ou celle qui clame sa liberté totale de toute prédétermination.

Il n’est donc possible de regarder le monde, prendre part aux actes libérateurs et fuir tout ce qui peut ressembler à carcan, camisole, prison ou assignation à résidence.

Celui ou celle qui se réclame d’un ton non convenu se trouve réduit à la clandestinité pour préserver encore sa pureté d’âme.

Ermite des temps modernes, le devoir est de tourner le dos au courant, ne plier sous aucune influence, ne rien concéder aux séparations arbitraires, aux flots de justifications creuses.

D’autres découpent, agencent, élucubrent en longues mélopées de phrases incompréhensibles. Ils avancent leurs thèses de référence avec la prétention de vérités.

Malheur à celui qui ne se réclame d’aucune, cherche à marcher vers la lumière toujours fuyante d’un intelligence sans cesse en berne. Celui là est si vite affublé de la condamnation au déni, à l’obscurantisme. Chacun tente de le loger dans les cases qu’il connaît, puis feint de s’étonner de la véhémente protestation.

On vient ensuite pleurer ici où là, d’avoir perdu un ami qu’on voudrait à sa solde, soumis aux mêmes poncifs que soi.

On ne tolère la liberté de l’autre qu’à la condition expresse qu’il adopte le même pas.

Qu’il avance le pied gauche quand je voudrais que ce soit le droit, voilà qui me blesse et me trouble.

Je n’ai alors pas assez de mots durs pour stigmatiser l’infamie.

L’intolérance se cache parfois derrière les discours de miel. Elle vogue sur des océans de bonne conscience, se pare des meilleures intentions.

Puis elle présente la facture, en omettant toutes les contraintes qu’elle entend imposer pour ne rien laisser au hasard d’une vie à construire.

Le drapeau de l’inconscient, l’ire des dieux sont convoqués à toutes fins utiles pour convaincre qu’il n’est d’autre chemin que le mien.

Encore un peu et je justifierai de sortir armé, tirant à bout portant du récalcitrant.

C’est ainsi que commencent les guerres : dans cette volonté de soumettre, de démettre, de briser et de casser.

Encore est-ce moindre mal que ce déchainement au grand jour.

D’autres s’agitent en coulisse, sapent de leur jalousie inculte celui ou celle qui brille par ses refus.

Ceux-là sont les criminels de l’ombre, alliés objectifs des penseurs d’une seule lumière.

Le crime de lèse-liberté, lui, est toujours le même.

Manosque, 21 juin 2011

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