Nous sommes à quelques jours du Ramadan, mois sacré qui outre le fait d’être un mois de jeûne et prières, est aussi le mois du pardon et de la convivialité. C’est aussi le mois où la Omra appelée le petit pèlerinage attire le plus d’adeptes pour visiter les lieux saints de l’islam dans un cadre exceptionnel durant lequel et pendant un mois chaque prière équivaut à cent milles prières. Ce mois où l’on égrène tous les versets du saint Coran, pour clôturer après la nuit du destin qui se situe dans les dix derniers jours du Ramadan.
Ce mois est également synonyme pour un grand nombre d’agent de voyages d’intense activité pour préparer la Omra du Ramadan et de proposer différents forfaits en fonction de la catégorie socio professionnelle, du budget et de la disponibilité en types d’hébergements et liaisons aériennes.
Cette activité est règlementée par les autorités saoudiennes et le puissant Ministère du Hadj, qui cette année passe le relais au Ministère du Tourisme Saoudien.
Les opérateurs saoudiens, Agences de voyages qui se sont créées de manière spontanée sur des critères plus capitalistiques que professionnels, ont très vite pris le train en marche assuré d’un quasi monopole et d’une manne de clients inépuisable jusqu’à la nuit des temps.Les lois saoudiennes les protègent , mais en même temps, elles sont trés contrôlée
Les opérateurs marocains, prennent des risques énormes pour la commercialisation de la Omra qui nécessite un capital humain expérimenté et une santé financière permettant d’avancer les fonds pour l’aérien et l’hébergement mais également une caution bancaire de l’ordre de 300.000 MAD au profit de l’opérateur saoudien qui peut l’actionner au moindre non respect du contrat et notamment si les pèlerins décident de « bruler » et de rester pour le Hadj.
Cette activité est d’un grand stress car outre le fait de gérer l’aérien et le terrestre, il faut également s’occuper des visas et des contraintes liées à celles-ci à savoir la durée de la validité ainsi que les critères d’obtention surtout pour les femmes de moins de 45 ans qui doivent obligatoirement être accompagnée à défaut du conjoint, d’un ascendant ou un descendant du sexe masculin majeur. Pour les femmes de plus de 45 ans, impératif d’un accompagnant masculin.
Il faut également gérer la dotation Omra, par l’intermédiaire des banques qui agissent par subrogation de l’Office des changes conformément à la Circulaire 1726 afin de régler les factures des prestations en tenant compte de la fluctuation de la devise saoudienne qui souvent entre la cotation et l’exécution, subit des écarts importants qui seront subit par l’agent de voyage, le client ayant contracté en dirhams sans aucune clause en ce sens. Un compte rendu est exigé à la fin de chaque opération par l’ODC avec tous les justificatifs : factures, contrats, photocopies de visas, photocopies de billets d’avion et non dépassement de la dotation de 15000 MAD par pèlerin. Tout manquement est sévèrement sanctionné.
Sur place, il faut gérer les humeurs clients qui sont des personnes âgées pour la plupart, de santé précaire, souvent des retraités et très peu enclins à la vie en communauté. Pour minimiser les frais, ils optent pour des chambres à partager avec des personnes qu’ils ne connaissent pas et souvent le résultât est catastrophique. Untel veut la climatisation et les autres n’en veulent pas, tel autre ronfle et empêche les autres de dormir, celui ci veut dormir avec la télévision etc…. et tout cela crée des conflits qui seront gérés par l’agent de voyage accompagnant qui doit être présent 24/24 pour toute urgence.
Au niveau des prestations sur place, le produit s’est beaucoup amélioré après la destruction d’un grand nombre d’unité qui n’avait pour seul attrait que la proximité avec le Haram et la construction de nouveaux hôtels répondant à un cahier de charge rigoureux. Aujourd’hui, les établissements sont soumis à une sévère sélection de la part du ministère du tourisme saoudiens et ne peuvent héberger que ceux qui sont classés et répondant aux normes de sécurité. Tout agent de voyage qui s’aventurerait à héberger ses clients dans des établissements non classés se verra sanctionner financièrement car il devra déloger et payer sur sa caution sans compter le risque d’être « blacklisté » pour l’avenir.
Il y a beaucoup de paramètres dans cette opération et beaucoup de confrères s’en sortent plutôt bien , mais il serait souhaitable de mutualiser pour une meilleure négociation tant avec les prestataires saoudiens qu’avec les compagnies aériennes, car à ce jour , toute la pression est portée sur l’agent de voyage marocain et quelque soit la marge pratiquée, elle ne compense nullement l’énergie et le temps dédiés à cette opération.
Mis à part quelques agences qui sont structurées , la majorité bricole en prenant des risques énormes qui chaque année laissent des séquelles et un lot d’insatisfaits sans compter le nombre d’intervenants informels que personne ne contrôle et qui perturbent la marché. Le tourisme religieux est plus qu’une niche car chaque année environ cent milles marocains se rendent aux lieux saints et ce nombre augmentera de manière exponentielle d’année en année.
Pour un service optimisé et une professionnalisation, il devient urgent et nécessaire de se regrouper entre opérateurs intéressés à travers les différentes régions dans des pools avec des critères alliant l’expérience , la notoriété et surtout une éthique professionnelle seule garante de la réussite, faute de quoi nous sommes condamnés à disparaitre au profit de structures saoudiennes ou peut être étatiques(!!) qui nous cantonneront dans un rôle de distributeurs avant que le net ne prenne le relais.