Rien que le cadre paraît enchanteur. Le château de Malbrouck, construit au cours du XVe siècle, est aujourd'hui propriété du Conseil Général de la Moselle qui y organise maintes manifestations culturelles au cours de l'année. Le bâtiment, restauré selon cette nouvelle vindicte du "on ne remet pas dans un pseudo état d'origine, on entretient et on préserve, on ancre dans le présent", est aujourd'hui orné en son sein de quelques plaques de béton qui, si elles s'avèrent gênantes pour les passionnés des structures moyenâgeuses, ne dérangent en rien la muséographie de l'exposition, formant même un sympathique coup d'œil au travail urbain de l'artiste.
La présentation est soignée, les couleurs agréables mais pas tape à l'œil, les cadres et annotations présents mais quelque peu en retrait ; bref, le principal est mis en avant : l'extraordinaire œuvre de Doisneau s'éparpille entre les différentes salles du Château avec cette simplicité toute amicale qui me fait apprécier à la fois le personnage créateur que son travail.
Robert Doisneau est né le 14 avril 1912. Après des études de gravure à l'École Estienne (qui se soldent par un diplôme en 1929), le jeune homme s'intéresse à la photographie publicitaire. Il travaille quelques années pour Renault mais, licencié suite à son manque de ponctualité, il tente de devenir photographe illustrateur indépendant. Ayant rencontré, peu avant le fléau que fut la Seconde Guerre Mondiale, Charles Rado, il collabore avec lui au sein de l'agence Rapho. Après la guerre, Doisneau officialise son statut d'indépendant, (1946) et réalise des reportages photographiques ayant essentiellement pour thème Paris (actualité et quartiers populaires), mais effectue aussi des sujets sur la Province (les mineurs lorrains) et l'étranger ( NewYork, Palm Springs). Il collabore un temps avec Vogue, mais publie ses reportages dans des magazines très réputés, et s'adonne à ses propres recueils.
Son travail lui vaut le prix Kodak (1947), le prix Niepce (1956). Doisneau organise également une exposition au Musée d'art contemporain de Chicago et au Musée d'art moderne d'Oxford.
Il meurt à Montrouge le 1er avril 1994, ultime pied de nez d'un homme plein d'humour et de tendresse.
Le Baiser de l'Hôtel de Ville, 1950
Car Robert Doisneau était avant tout un homme simple, espiègle, sympathique et plein d'humour, cadrant parfaitement avec le titre de photographe humaniste que lui ont donné ses comparses et les critiques. Il avait, dans sa manière d'appréhender les gens, une désinvolture et un charme sans conteste, comme le laissent entrevoir ses entretiens filmés (Doisneau des villes, Doisneau des champs).Et plus que tout, il est parvenu à retranscrirecette atmosphère sur ses clichés. Le spectateur a l'impression d'arriver à saisir l'instant d'une beauté éphémère, d'une drôlerie touchante ou d'une gravité sans conteste, et de se retrouver acteur, et non simple observateur, de ces situations d'un passé révolu mais toujours d'actualité, tant elles paraissent vives et empreintes de force.
En somme, ilse promène comme s'il feuilletait les pages d'un album de famille.
Un grand album de l'humanité.
Alors, courrez voir cette exposition : c'est jusqu'au 28 août. Je gage que vous ne le regretterez pas.
(Pour tous renseignements, rendez-vous ici)